Le Ciel demande

■  Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu  

■  Divinité numéro un au monde en prédictions prodigieuses

    « Des prédictions vraiment précises »

■  Traduit du chinois par Sandrine Fang

■  Copyright © Sheng-yen Lu ©2022, Éditions Darong

 

Le Ciel demande, c’est alors moi qui demande.

C’est-à-dire que lorsque j’ai un doute, je fais appel à la Mère d’Or de l’Étang de Jade, divinité numéro un au monde en prédictions prodigieuses.

Je demandai :

— Quelle est l’origine de la Mère d’Or ?

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— J’ai été transformée par le ch’i sublimement merveilleux de la fleur de l’Ouest en devenant la Mère d’Or. Et le Seigneur du Bois[1] a été transformé par le ch’i authentique de la fleur de l’Orient.

Je demandai :

— Ce qu’on appelle le yin et le yang, cultivent-ils le Ciel et la Terre ? Façonnent-ils toutes les choses ?

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— C’est exact.

Je demandai :

— Le soi-disant empereur Tung-hua est le père, la Mère d’Or de l’Étang de Jade est la mère. Cette explication est-elle correcte ?

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— C’est exact.

Je demandai :

— Au temps jadis, Zhang Liang (Tzu-fang) avait vu des garçons chanter : « S’habiller en jupe cyan, entrer par la porte céleste, saluer des mains jointes la Mère d’Or, vénérer le Seigneur du Bois… »

La Mère d’Or de l’Étang de Jade dit :

— Tous ces garçons sont des enfants immortels du Ciel. Le Seigneur du Bois et moi sommes l’origine du Ciel et de la Terre. Si les êtres masculins deviennent des immortels, ils prendront le Seigneur du Bois pour maître, si les êtres féminins deviennent des immortelles, elles prendront la Mère d’Or pour maîtresse.

Je demandai :

— Au temps jadis, les Chinois ont prétendu être les descendants de Yang-di (l’empereur Rouge) et de Huang-di (l’empereur Jaune). Il s’agit de Shen-nong Shi[2] et de Xuan-yuan Shi[3], et ce dernier est Huang-di. Je voudrais demander si Huang-di avait déjà rencontré la Mère d’Or de l’Étang de Jade.

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— Parmi les livres anciens, le chapitre « La longitude occidentale de la Chine » du Livre des monts et des mers raconte ceci :

 

La Mère d’Or de l’Étang de Jade convia Huang-di à un banquet au mont Song. Des nuages d’un vert bleuâtre furent servis comme liqueur, des substances rouges comme fruits. En outre, elle enseigna à Huang-di l’art des Sept Obscurités[4]. Puisque Huang-di avait fait un sacrifice pour moi, ma descente du Ciel était vraie, les autres interprétations étaient alors ralliées.

 

Je demandai :

 

 

— Dans le combat de Huang-di contre Chi-you, Jiu-tien Xuan-nü[5] (Femme mystérieuse du neuvième ciel), sous l’ordre, avait offert à Huang-di un char qui pointait vers le sud pour l’aider à vaincre Chi-you. Est-ce vrai ?

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— Il y avait effectivement cet événement.

Je demandai :

— Zhou Muwang et Han Wudi avaient tous les deux rencontré en personne la Mère d’Or de l’Étang de Jade. Est-ce vrai ou est-ce une légende ?

Je demandai encore :

— La Biographie du Mu T’ian-tzu et la Biographie interne de Han Wudi mentionnent tous les deux cet événement. Est-ce vrai ?

La Mère d’Or de l’Étang de Jade dit :

— Révérend maître Lu, vous m’avez rencontré aujourd’hui, est-ce vrai ? Est-ce faux ?

Je demandai :

— La Biographie interne de Han Wudi mentionne deux poésies qui concernent la Mère d’Or de l’Étang de Jade. Voici ces poésies :

 

Le moineau bleu avait volé vers l’ouest mais n’était pourtant pas revenu,

Le monarque se trouvait longtemps sur Ji Ling Tai[6] ;

Les fonctionnaires acolytes souffraient le plus de diabète,

Aucune tasse de rosée de la tige dorée ne fut offerte.

 

Et :

 

À Tong Ling, il établit un autel pour offrir un sacrifice nocturne jusqu’au petit matin,

La rosée reçue sur l’assiette fut vaporisée dans la tente printanière ;

La Reine Mère n’était pas venue, Fang-shuo était parti,

Il faut cependant revoir la dame Li.

 

La Mère d’Or de l’Étang de Jade répondit :

— Han Wudi m’a demandé de lui offrir un élixir d’immortalité, je ne le lui ai pas donné. Il était avide de grandeur et de succès, c’est la raison pour laquelle il y a eu ces deux poésies. La rosée de la tige dorée est bien l’élixir d’immortalité. Fang-shuo désigne précisément Dong Fang-shuo, il était un officiel qui a réussi la pratique de l’immortalité.

Je dis :

— J’ai compris. Puisque Han Wudi désirait ardemment la longévité et l’immortalité, cet événement a donc eu lieu : le taoïste Hsü Fu, les trois mille garçons et trois mille filles sont allés en mer prendre l’élixir d’immortalité.

La Mère d’Or de l’Étang de Jade dit :

— L’engouement et le délire sont inacceptables, seule la pratique assidue du dharma bouddhique permet de l’obtenir.

 

 

[1] Un autre nom de l’empereur Tung-hua.

[2] Un héros civilisateur de la mythologie chinoise.

[3] Un souverain civilisateur de l’Antiquité chinoise.

[4] Cet art consiste à purifier les cinq sens, les mains, les pieds et l’esprit.

[5] Une déesse légendaire et l’enseignante de Huang-di.

[6] La salle de la longévité, un lieu de sacrifice pour les immortels.