L’aliment amoncelé pour la pratique de la perfection (2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
J’étais bien conscient que je serais mort
si la fraction crânienne m’était réellement
arrivée. À ce moment-là, mon corps décrépit
n’était en effet qu’une enveloppe illusoire.
Pourquoi ce corps charnel est-il appelé
« l’illusion » ?
Parce qu’il se différencie grandement de
celui de mon enfance, de celui de ma première
jeunesse, de celui de mon adolescence, de celui
de mon âge adulte et de celui de ma maturité.
Si quelqu’un tombe malade, il se met
vite en marche vers la dégénérescence.
La vie est comme ça, et le temps est
un magicien omnipotent. Au début, le corps
est robuste, il se peut qu’il soit frappé par la
vieillesse, et la maladie et par conséquent
devienne informe.
Quand le lotus à huit pétales s’ouvre
(c’est la fraction crânienne),
Le bouddha s’y installe,
Le bouddha est la lumière-fils,
Il y a dans l’espace une claire lumière,
bien ronde, extrêmement éblouissante,
C’est la lumière-mère dissimulée dans
la mer de la nature de Vairocana.
On peut dire aussi qu’elle est la nature
de la Loi.
« Le moi véritable » est authentique,
constant, bien fondé, immuable ; son corps
primitif est pur, immaculé ; son visage originel
est invariable, inaltérable, sans naissance ni
extinction, sans augmentation ni diminution,
sans souillure ni propreté, c’est le trésor du
Tathâgata, l’essence ultime des choses, la
nature véritable, parfaite et achevée.
La lumière-fils est le moi véritable, qui
se transforme en lumière d’arc-en-ciel,
La lumière-mère est aussi le moi, qui
est la mer de lumière de Mahâvairocana,
Toutes les deux se rencontrent et s’unissent.
Voilà que « le corps devient un bouddha »,
c’est la doctrine du bouddhisme tantrique.
Bien que nous tous possédions les trois
tantra du Bouddha qui se manifeste avec son
corps de la Loi, à cause de l’imprégnation des
passions, nous ne pouvons ni les prouver ni
les acquérir. Pour que les êtres vivants puissent
s’exercer dans le bouddhisme tantrique, le
grand coeur miséricordieux du Bouddha fait
que leurs trois tantra égalent ceux du Bouddha :
le corps fait la mudrâ marqué d’un sceau
officiel, c’est le tantra du corps ; la bouche
récite le mantra, c’est le tantra de la parole ;
la pensée se concentre sur le mot-semence
ou visualise sa propre image dans le samâdhi,
ou contemple sa propre déité d’élection,
c’est le tantra de la pensée. L’application de
ces trois tantra procure alors la bénédiction
des trois tantra du Tathâgata. Les trois karmas
des êtres vivants s’unissent avec les trois tantra
du Tathâgata, les premiers rentrent dans les
derniers, les derniers se fondent dans les
premiers, sans la moindre différence entre eux,
et cette pratique s’appelle la correspondance
des trois tantra.
La correspondance des trois tantra
permet la réalisation de toutes les pratiques.
Pourquoi puis-je engendrer par la pratique
« le moi véritable » ? La raison est
simple :
L’Ultime Réalité est mon corps,
Le dharma bouddhique est mon physique,
Mystique, mystique, mystique et encore
mystique,
Échelon par échelon aussi profond
que subtil.
La porte secrète du bouddhisme
tantrique est la parole avérée dhâranî, qui
est l’enseignement secret de tous les Tathâgata,
c’est la porte de la pratique de la Loi et de
l’expérience de l’Éveil, porte qui permet de
parvenir soi-même à l’Illumination et d’éprouver
la sagesse. Toutes les méthodes pratiquées
par le bouddhisme tantrique sont rarement
entendues par le monde du dharma, si l’on
peut les rencontrer ou les entendre aujourd’hui,
il faut s’en féliciter et ne pas les diffamer.
(C’est la Loi interne prouvée par le
Tathâgata qui se manifeste avec son corps
de la Loi, ces méthodes sont bénies par la
parole avérée prodigieusement transformée.
Les bodhisattvas à l’éveil universel ne peuvent
la sonder, seuls les bouddhas sont aptes à
la comprendre.)
Dans le bouddhisme tantrique, à part
cette théorie que « le corps devient un bouddha »,
il y a aussi celle que « le corps de rétribution
devient un bouddha ».
J’ai déjà indiqué que l’école de la Terre
pure est une porte par laquelle on s’exerce
dans le bouddhisme exotérique, et que la pratique
de la récitation s’y impose : chaque petit matin,
après avoir fait sa toilette, après s’être vêtu
avec propreté ou en portant une robe rituelle,
les mains jointes, le visage face à l’ouest ou
face à l’autel divin, on récite à plusieurs reprises
et avec respect « le bouddha Amitâbha ».
Faire une récitation avec tout son souffle, ainsi
de suite, dix souffles pour dix fois la récitation.
On unit la récitation au souffle, sans
compter le nombre de fois qu’on psalmodie
le nom du bouddha.
Rien que longue durée de temps,
Le souffle subtil est la mesure,
La purification du coeur se fait dans le
calme,
Le contrôle d’arrêt est adéquat.
L’essentiel de cette pratique consiste
à ne pas distraire son esprit, à réciter de tout
son coeur et avec assiduité le nom du bouddha,
c’est l’une des méthodes appliquées par l’école
de la Terre pure et consacrées à astreindre son
coeur et à contrôler ses souffles.
à suivre