La claire lumière du bouddhisme tantrique(1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
D’après l’observation de mon oeil céleste, bien des morts séjournent dans le Monde de la forme. Tout ce qu’ils y voient se différencie de ce qu’on discerne dans le Monde du désir. Le premier se trouve dans une sphère relativement plus élevée.
J’ai constaté que, au sujet de la mort, les documents réunis par les Occidentaux indiquent que l’homme séjourne après son décès dans une sorte d’état lumineux et qu’il peut apercevoir la lumière qui brille dans le ciel.
Un certain Occidental n’étant pas loin de mourir a vu beaucoup de lumières et un ange au milieu d’elles. Cet ange lui a signalé que son heure n’était pas encore arrivée et qu’il pouvait rentrer et l’attendre.
Cet individu est donc revenu à la vie. Et il a écrit un livre sur la mort.
Au terme de la claire lumière, l’enseignement du bouddhisme tantrique a fait une très grande révélation : on peut dire qu’atteindre l’Illumination au moyen de la matière, c’est acquérir la délivrance par la matière.
Voir la claire lumière, c’est d’une part la voie du nirvâna, la voie délivrée, d’autre part les six voies de la réincarnation, les voies non délivrées :
– la voie délivrée montre bien sûr des couleurs brillantes ;
– les six voies de la réincarnation font apparaître évidemment des couleurs plutôt sombres.
D’après l’explication du bouddhisme tantrique, les lumières des six voies de la réincarnation et celles de la voie délivrée sont de la même couleur. Mais les secondes sont éclatantes, et les premières sont ternes.
En conséquence, la différence se trouve dans l’aspect des lumières et des couleurs. La claire lumière manifestée par tous les bouddhas et les bodhisattvas est éclatante, c’est la délivrance.
Les six voies de la réincarnation ne répandent que des lumières sombres. Le bouddhisme tantrique estime que celles-ci concernent la toxicité et le péché.
La personne morte voit la claire lumière, elle aperçoit en fait sa propre nature, la lumière de son âme, l’image de son esprit et cela correspond à la claire lumière des bouddhas et des bodhisattvas, ou à la lumière de l’une des six voies de la réincarnation.
Que faut-il faire à ce moment-là ?
L’aide d’un grand sage débonnaire est alors très importante. Cet homme à la connaissance de bien doit indiquer à l’âme du défunt comment distinguer les claires lumières :
– la claire lumière du bouddha ;
– la claire lumière du bodhisattva ;
– la claire lumière de toutes les déités ;
– la claire lumière de l’asura0F1 ;
– la claire lumière de la voie de l’Humanité ;
– la claire lumière de la voie de l’Esprit
affamé ;
– la claire lumière de la voie de l’Animalité ;
– la claire lumière de la voie de l’Enfer.
Les claires lumières des Trois Mauvais Sentiers1F2 sont assez néfastes, elles font apparaître les péchés provenant de l’avidité, de la colère et de l’ignorance qu’on a souvent commis. J’ai mentionné ici seulement cinq des six voies de la renaissance, car la claire lumière de la voie céleste est en fin de compte la lumière affectueuse diffusée par le coeur de la personne morte. Elle est brillante et ne peut être classée parmi les lumières sombres des cinq autres voies.
Je me souviens d’avoir écrit les six épreuves avérées sur les apparences de la mort immédiate consignées dans le Traité du yoga. Quand un être humain est mort, on peut, par l’observation des aspects de son corps, savoir où il va transmigrer :
1. Pour les arhat et les saints, quand ils entrent dans le nirvâna, leur coeur et leur orifice céleste qui se trouve au sommet de la tête restent encore tièdes pen-dant plusieurs jours.
2. Pour ceux qui pratiquent les Dix Bienfaisances, leur tête de-meure tiède, et après avoir ren-du leur dernier soupir, ils mon-tent au ciel, soit dans l’un des cieux du Monde du désir, soit dans l’un des cieux du Monde de la forme, soit dans l’un des cieux du Monde de l’absence de forme.
3. Pour ceux qui observent les Cinq Préceptes, à l’article de la mort, leurs pieds se refroidissent d’abord, et la froideur monte en-suite jusqu’au nombril, au-dessus duquel la température corporelle reste encore tiède, et après avoir rendu leur dernier soupir, ils trans-migrent dans la voie de l’Huma-nité.
4. Si la froideur commence par la tête et atteint le nombril, la tem-pérature au-dessous de la taille reste encore tiède, et après avoir rendu son dernier soupir, on trans-migre dans la voie de l’Esprit af-famé.
5. Si la froideur descend du crâne jusqu’aux genoux, au-dessous la température corporelle reste encore tiède, et après avoir rendu son dernier soupir, on transmigre dans la voie de l’Animalité.
6. Si la froideur descend de la tête jusqu’au nombril, à la taille et aux genoux, et seuls les pieds restent tièdes, on va transmigrer alors dans la voie de l’Enfer.
À suivre
1 Le génie malfaisant
2 La voie de l’Esprit affamé, la voie de l’Animalité, la voie de l’Enfer