Trinley Thaye Dorje et Ogyen Trinley Dorje
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Après ma rencontre avec le dix-septième Gyalwang Karmapa, Trinley Thaye Dorje, un problème s’est posé, et c’était un problème énigmatique.
Un moine me demanda :
— Révérend maître Lu, vous avez ren-contré Trinley Thaye Dorje ; celui-ci est donc le vrai Gyalwang Karmapa. L’autre, Ogyen Trinley Dorje, est alors un faux ?
Je répondis :
— Le seizième Gyalwang Karmapa est entré dans le nirvâna à Chicago, aux États-Unis, son corps a été transporté à Sikkim et incinéré dans le monastère de Rumtek. À ce moment-là, les quatre grands rois du dharma, (Shamarpa, Tai Situpa Rinpoche, Jamgoin Gongzhü et Gyaltsab Rinpoché), ont provoqué la segmentation. Shamarpa Rinpoche a cherché l’enfant ré-incarné, il a tenu pour certain que l’enfant Trinley Thaye Dorje est l’incarnation du seizième Gyalwang Karmapa. Tai Situpa Rinpoche est pourtant convaincu qu’Og-yen Trinley Dorje est l’incarnation du seizième Gyalwang Karmapa. Alors, pour le dix-septième Gyalwang Karmapa, on a deux réincarnations, c’est-à-dire deux dix-septième Gyalwang Karmapa.
Cet événement a provoqué le tumulte en Inde.
Quelqu’un dit :
— Ogyen Trinley Dorje est le vrai.
Un autre dit :
— Trinley Thaye Dorje est le vrai.
Ces deux Gyalwang Karmapa ont trou-blé la transmission de lignée de Kagyupa du bouddhisme tibétain, il y a deux incar-nations pour le dix-septième Gyalwang Karmapa.
Lorsque Ogyen Trinley Dorje appa-rut, les gens de l’autre lignée vociféraient.
Lorsque Trinley Thaye Dorje apparut, les gens de l’autre lignée vociféraient éga-lement.
Ils se disputaient mutuellement.
Leur querelle s’élevait comme des flammes qui font rage.
Leur dispute devenait inextricable.
Un lama me dit :
— Par la pratique de la méthode du protecteur dharmique, on comprendra qui est le vrai.
Un tibétain me dit :
— Qu’importe qui est le vrai, nous considérons que tous les deux sont les vrais.
Beaucoup de gens dirent :
— On le saura si l’on demande au révérend maître Lu. En comptant sur ses doigts de la main, il prédit les choses avec la plus remarquable efficacité.
Je ris aux éclats.
Le moine demanda :
— Qui est le vrai ? Qui est le faux ?
Je répondis :
— Ceux qui prennent Avalokitésvara pour leur nom, il y a le Saint Avalokités-vara, Avalokitésvara Cundi, Avalokitésvara aux mille bras, Avalokitésvara à la roue de bon augure (ou Avalokitésvara Cintamani-cakra), Avalokitésvara aux onze visages (ou Avaloktésvara Ekâdaa mukhâ-nâm), Avalokitésvara à la tête d’un cheval (ou Avalokitésvara Hayagriva), Avalokitésvara Amoghapâsa, Avalokitésvara au cou bleu, Avalokitésvara Parnasabari (ou Avalokités-vara aux vêtement des feuilles), Avaloki-tésvara aux vêtements blancs, etc. Dites-moi, lequel est le vrai ? Ekâdaa mukhâ-nâm Avalokitevara
Je continuai :
— Le bouddha Amthâbha se mani-feste en des myriades et des myriades de Nirâmanakâya (Corps de métamorphose). Namo trois cent soixante milliards cent dix-neuf mille cinq cents bouddhas du même nom que le bouddha Amitâbha. Voudriez-vous me dire parmi les trois cent soixante milliards cent dix-neuf mille cinq cents bouddhas du même nom que le bouddha Amitâbha lequel est le vrai ?
Je continuai :
— Il y a plusieurs réincarnations du Grand Padmakumara Blanc, puis-je vous demander lequel est le vrai ?
Je continuai :
— La réincarnation est inimaginable. Padmasambhava est la réincarnation des trois corps : le bouddha Sâkyamuni, le bouddha Amithâbha et le bodhisattva Ava-lokitésvara. Permettez-moi de vous de-mander qui est au fond Padmasambhava ?
Je dis :
— Selon le dharma du bouddha qui est inimaginable et incroyable, il se peut qu’il existe dans une même époque beaucoup de corps de métamorphose, et ceux-ci portent simultanément secours aux êtres vivants.
Ayant entendu cela, le moine dit :
— J’ai compris. J’ai compris.
Je suis quelqu’un qui a obtenu l’Éveil, comment l’homme du commun pourrait-il le comprendre ?
Eh bien ! Je fais entendre quelques propos d’illumination :
« La véracité, il n’y a pas de véracité ! »
« Le bodhisattva Avalokitésvara est un nom d’emprunt destiné à porter secours aux êtres vivants. »
« Est-ce que Gyalwang Karmapa existe ? »
« Qui êtes-vous ? Qui suis-je ? Qui est Gyalwang Karmapa ? Qui sont les êtres vi-vants ? Qui fait partie des êtres vivants ? »
(Méditez-le.)