L’arrivée du maître officiant Da-xiong dans mon rêve
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance
« Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Le maître officiant Da-xiong habitait à Singapour. De son vivant, il voyagea en esprit à Seattle où j’habitais. Après l’échange de quelques propos, il fut frappé par la conversation, il s’agenouilla et voulut prendre refuge auprès de moi, maître Lu. Le maître officiant Da-xiong était pratiquant du dhyâna. Plus tard, il entra dans le nirvâna, et après la jhâpita (la crémation), son cœur ne fut pas incinéré.
Une nuit, en 2012, je rêvai du maître officiant Da-xiong qui arrivait.
Dans le rêve, j’eus une conversation avec le maître officiant Da-xiong; après mon réveil, le souvenir restait très net, je le transcris ci-dessous. :
Le maître officiant Da-xiong me demanda :
— Après notre séparation, Maître, êtes-vous de bon augure ?
Je répondis :
— Sens dessus dessous.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Pourquoi sens dessus dessous ?
Je répondis :
— C’est seulement pour correspondre au monde ici-bas.
Le maître officiant Da-xiong dit :
— En ce bas monde, les gens n’arrivent pas à se délivrer des Cinq Agrégats1 qui sont
enveloppés dans le corps charnel. Ils sont réjouis lorsqu’ils sont dans une situation favorable ; ils deviennent tristes lorsqu’ils se trouvent dans une situation défavorable. Ils ne peuvent s’en libérer.
Je dis :
— Heureusement, il n’y a pas de relations avec. (Je n’ai pas de relations avec ce bas monde.)
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Maître, êtes-vous encore en ce bas monde ?
Je répondis :
— Le monde terrestre présente vraiment des risques, ceux qui y ont pénétré sont tous morts. Heureusement, j’ai obtenu l’Éveil depuis longtemps, je m’amuse dans les cieux qui sont illusoires.
Le maître officiant Da-xiong dit :
— Vous avez écrit la « Relecture du Wu-deng-hui-yuan2 », Je l’ai tout lu. J’ai pointé mon doigt tout juste sur la Lune, je suis clairvoyant et perspicace. Que c’est excellent ! Que c’est excellent !
Je dis :
— Si on ne le comprend pas, il faut attendre encore trente ans.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Pourquoi faut-il attendre trente ans ?
Je répondis :
— Une fleur tombée, le lotus se forme.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Maître Lu, qu’est-ce que vous ferez à l’avenir ?
Je répondis :
— Cultiver le chrysanthème dans une pépinière. (En repos.)
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Quoi d’autre ?
Je répondis :
— Un tigre féroce patrouille dans la montagne. (En mouvement.)
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— S’il en est ainsi, on peut encore considérer cela comme la grande merveille. Un repos et un mouvement sont tous à sa guise. Je ne sais pas quel est le sens.
Je répondis :
— Monter sur la montagne au neuvième jour de la neuvième lune.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Est-ce que le révérend maître Lu récite encore le nom du bouddha ?
Je répondis :
— Je le récite sans m’attacher aux pensées.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Qu’est-ce que réciter sans s’attacher aux pensées ?
Je répondis :
— Agir sans intervenir !
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— Pourquoi réciter sans s’attacher aux pensées et agir sans intervenir ?
Je répondis :
— Subir les conséquences de ses actes.
Le maître officiant Da-xiong demanda :
— L’apparition chimérique et la sensation illusoire ne sont-elles pas encore mieux ?
Je répondis :
— Aujourd’hui, les questions et les réponses sont bonnes. Que c’est merveilleux !
Alors, je me réveillai jusque-là.
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. Les Cinq Agrégats sont : ce que l’on a de la matière, ce que l’on a de la perception, ce que l’on a de la conscience, ce que l’on a de l’action et ce que l’on a de la connaissance.
2. Wu-deng-hui-yuan se compose de cinq livres de l’école du dhyana : Ching Te Ch’uan Têng Lu, T’ien ShengKuang Têng Lu, Chien Chung Ching Kuo Hsü Têng Lu, Lien Têng Hui Yao, et Chia T’ai P’u Têng Lu.