L’arrivée du maître de contemplation Hsiu-chi
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Au district de Ming-zhou, dans la montagne Zhang-xi habitait un maître de contemplation Xiu-ji. Il était de son vivant un ami intime de Jing-shan Yuan-gong, et pour se cultiver dans la pratique de la perfection, il avait édifié un couvent en paille situé sur le mont Lu, dans la grotte Fo-shou (ou la grotte de Xianren, la caverne de l’Immortel). Plus tard, il se rendit à la montagne Si-ming, et y habita tout seul pendant plus de dix ans au fond de la montagne ; les tigres et les léopards étaient ses voisins.
Le maître de contemplation Xiu-ji dit :
— Le petit sentier étant sinueux, personne n’arrive par là.
Peu après, des moines et des laïcs ayant entendu parler de lui arrivèrent, et l’endroit devint un monastère boud-dhiste.
Un moine demanda au maître de con-templation Xiu-ji :
— Qu’est-ce que le stûpa sans fentes ?
Le maître de contemplation Xiu-ji répondit :
— Les quatre arêtes ont touché le sol.
Le moine demanda :
— L’homme qui se trouve dans le stûpa, comment va-t-il ?
Le maître de contemplation Xiu-ji répondit :
— Il dort sur ses deux oreilles.
Le moine interrogea :
— Quelle est l’idée du fondateur patriarche qui est venu de l’Ouest ?
Le maître de contemplation Xiu-ji répondit :
— Le navire de haute mer traverse la mer, on retourne au pays aux pieds nus.
Le maître de contemplation Xiu-ji entra dans mon rêve où il demanda, si c’était moi, comment je répondrais à ces questions de manière plus pénétrante.
Je dis :
— Il n’y a qu’une seule personne depuis plus de dix ans. Je dis : « Le vent venant de travers et la pluie fine réson-nent dans la vallée vide, la montagne est naturellement bleue ou verte, et l’eau coule librement. »
Le maître de contemplation Xiu-ji dit :
— Excellent !
— Qu’est-ce que le stûpa sans fentes ? demanda-t-il.
Je répondis :
— Il n’y a pas de bouddha, il n’y a pas de démon.
— Qui est l’homme qui se trouve dans le stûpa ?
Je répondis :
— Il n’y a personne.
— Quelle est l’idée du fondateur patriarche qui est venu de l’Ouest ?
Je répondis :
— Une bouffée de vent.
En me voyant répondre aux ques-tions avec résolution, le maître de con-templation Xiu-ji se montrait assez con-tent. Il me posa encore une question :
— Une fleur s’épanouit et les cinq pétales s’ouvrent, comment la consé-quence en découle-t-elle ?
Je répondis :
— De quelle fleur parlez-vous ? Qu’est-ce que les cinq pétales ?
Le maître de contemplation Xiu-ji demanda :
— Le parfum est partout ; la lumière est partout. Qu’en pensez-vous ?
— Il manque encore une partie !
Le maître de contemplation Xiu-ji demanda :
— Avant que les parents du révérend maître Lu l’aient mis au monde, qui est-il ?
Je répondis :
— C’est le révérend maître Lu !
Le maître de contemplation Xiu-ji m’interrogea :
— Après la naissance du révérend maître Lu, qui est-il ?
Je répondis :
— C’est aussi le révérend maître Lu !
Le maître de contemplation Xiu-ji de-manda :
— Pourquoi toujours le révérend maître Lu ?
Je répondis :
— Y a-t-il encore quelqu’un autre ?
Je récitai une stance :
Le maître de contemplation Xiu-ji était vraiment rapide,
Il se cachait dans la montagne de-puis dix ans et peu de gens le con-naissaient ;
Il apparut dans le rêve pour ap-prendre l’Ordre véritable,
Parmi le genre humain, qui est entré et qui est sorti ?
(J’ai donné ainsi la réponse, j’ai récité ainsi la stance, c’est déjà une grande miséricorde compatissante ! Si vous ne comprenez toujours pas, vous êtes vrai-ment un oeuf de tortue (une espèce de bâtard).