Une lettre de Lian-hua Chun-hung
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Lian-hua Chun-hung habitait dans le Banqiao District, à New Taipei City, il m’a envoyé une lettre qui était bien écrite, comme s’il décochait une flèche, elle était assez intéressante. Je la transcris ci-dessous :
Le vénérable et suprême bouddha maître :
C’est la première fois que j’écris au révérend maître après ma conversion il y a dix-huit ans, car je ne souhaite pas que le révérend maître se donne de la peine pour moi.
Tout d’abord, je me repens d’avoir transgressé des préceptes depuis ma prise de refuge spirituel, je me repens de tous mes péchés commis dans ma vie présente, je me repens de tous les mauvais karmas que j’ai commis par ignorance depuis toutes mes vies antérieures.
J’ai étudié les indications de chaque livre du révérend maître, j’écris une stance pour présenter le fruit que j’ai retiré de cette étude :
« Les causes fondamentales et ac-cessoires sont des productions et des annihilations, il y a le cycle des existences,
La nature propre n’a pas de genèse et est le vide après tout ;
Elle se transforme en un instant sans être souillée,
Elle est constamment quiétude par essence et pure à l’origine. »
La nature de bouddha est inébranlable comme la Réalité absolue, il en est ainsi ! Le trekcho (ou la rupture immédiate), la mise naturelle en action du dharma et la grande méthode de Atiyoga ! La nature de bouddha n’a plus besoin de mot, ni de langage, ni d’action pour la témoigner et l’exposer.
Ci-joint dans cette lettre mon offrande dévote et une enveloppe prétim-brée, je prie le bouddha maître de m’enseigner, je prie aussi le bouddha maître de me bénir.
Je souhaite qu’à la fin de toutes mes causes karmiques, je fasse l’offrande de mon âme au bouddha maître pour qu’elle puisse être à son ser-vice. J’estime extrêmement la trans-mission de lignée, je souhaite pren-dre le gourou-racine Padmakumara pour ma déité d’élection. Je prie le bouddha maître de me bénir pour que je puisse réussir dans mes pra-tiques. Je suis pénétré de recon-naissance pour le bouddha maître !
Le disciple Lian-hua Chun-hung se prosterne le front contre terre.
Le 13 mai 2012
Pourquoi ai-je transcrit cette lettre ?
Le point important se trouve dans cette stance, elle mérite d’être méditée. Si on la transforme en propos, cela devient donc :
« Les causes et les effets, l’affinité fixée par les karmas et la transmigration par les Six Voies sont tous une transformation illusoire et temporaire. La nature de bouddha de soi-même n’a pas de commencement ni de fin, n’a pas de naissance, ni d’extinction, elle ne s’attache pas du tout au vide foncier. En fait, la nature de bouddha se trouve constamment dans l’état de quiétude, elle s’en remet librement et par essence au destin. »
Il a pu se faire une telle idée précise et en prendre conscience, je ne peux dire qu’un mot :
« Super ! »
Je veux tout de même poser une question :
— Étant donné que les causes, les effets et la Roue des transmigrations sont tous une transformation illusoire et temporaire, qu’est-ce après tout que ce bas monde ?
Veuillez répondre à cette question !
— Étant donné que la nature de bouddha n’a pas de naissance, ni d’extinction, qu’elle est constamment dans l’état de quiétude, comment s’en remet-elle librement à l’Atiyoga (le Grand Achèvement) ?
Veuillez répondre à cette question !
Un moine me demanda :
— Les causes, les effets et la transmigration sont-ils réels ou illusoires ?
Je répondis :
— L’homme et le cheval se trouvent ensemble et pêle-mêle.
Le moine me demanda :
— Est-ce que l’avoir devient le non-avoir ou le non-avoir devient l’avoir ?
Je répondis :
— Le roi démon joint les mains, et Yama0F1 sourit.
N’ayant pas compris le propos, le moine dit :
— Je n’en comprends pas le sens !
Je dis :
— Le renversement !
Le moine demanda :
— Je sais que le révérend maître a déjà vu sa nature dans la clarté du coeur, à qui le révérend maître Lu propagera à l’avenir le dharma ?
Je répondis :
— Le bois, la pierre, la tuile, le caillou.
Le moine demanda :
— Comment le bois, la pierre, la tuile et le caillou comprennent-ils la chose ?
Je répondis :
— L’homme en bois chante, le caillou incline la tête.
Le moine demanda :
— Comment enseigner le dharma de cette manière ?
Je dis :
— Ai-je enseigné le dharma ?
(Je demande à mes saints disciples : « Est-ce que le révérend maître Lu a propagé le dharma ? »)
1 Le roi des enfers.