Le bouddha, l’Immortel, le démon et les doctrines hétérodoxes
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Au moment où le bouddha Sâkyamuni
séjournait au monde, il enseigna beaucoup
de sûtra, il y a essentiellement l’enseignement
sur la compréhension du sens non absolu
et la compréhension du sens absolu, (de
la vérité).
Les écritures qui ne révèlent pas l’enseignement
complet sont utiles pour
convertir les débutants ; les écritures qui
donnent la compréhension du sens absolu
sont utiles pour convertir ceux qui cherchent
à voir sa nature dans la clarté du coeur.
Le Bouddha parla déjà sérieusement
à ses disciples :
— Les pratyeka-buddha0F
1et les arhat1F
2
sont encore des hétérodoxes, parce qu’ils
cherchent le dharma en dehors de leur
coeur.
Le Bouddha dit :
— En Inde, il existe encore beaucoup
d’enseignements sur la Voie de l’immortel.
Par exemple, les Immortels de la caste
cléricale Brahman, etc., ils font partie de
la Voie de l’immortel.
Le Bouddha dit encore :
— Si le pratiquant de la perfection
s’attache à la corporéité (formes extérieures),
à la sensation, à la perception (notion), à
la volition et à la conscience (connaissance),
il se cultive en devenant un démon de cinq
agrégats. Chaque agrégat engendre dix
démons, cinq agrégats génèrent alors cinquante
démons ; tous appartiennent à la
Voie du démon.
Le Bouddha n’avait pas trop réprimandé
ceux qui, dans la Voie de l’immortel,
étaient devenus des Immortels par leurs
pratiques, comme les Immortels spectres,
les Immortels humains, les Immortels terrestres,
les Immortels célestes, les Immortels
dorés du ciel Talo, les Dix Immortels
de cette voie. Ils sont tous talentueux,
mais ils ne sont pas parfaitement
clairvoyants et ne comprennent pas tout.
S’ils ont réalisé l’Illumination, s’ils ont vu
leur nature dans la clarté du coeur, tous
ces Immortels obtienent donc l’éveil
parfait, ils sont bien sûr des bouddhas.
Ce que le Bouddha réprimandait, c’est :
― les doctrines hétérodoxes ;
― le démon.
Un moine me demanda !
— Pourquoi le Bouddha enseignaitil
la compréhension du sens non absolu ?
Je répondis :
— L’homme n’avait pas l’affinité
prédestinée avec le Bouddha.
Le moine questionna :
— Pourquoi le Bouddha enseignait la compréhension du sens absolu ?
— Je répondis :
— On doit malgré tout se dissimuler.
(Veuillez méditer attentivement pour-quoi « on doit malgré tout se dissimuler ». Ici, les points subtils de la méditation sont importants !)
Le moine demanda :
— Qu’est-ce que l’hétérodoxe ?
Je répondis :
— Chercher le dharma à l’extérieur de son coeur.
Le moine demanda :
— Qu’est-ce qu’il y a en dehors du coeur ?
Je répondis :
— La tuerie !
(Mes saints disciples, retenez bien le mot « tuerie ». Après la tuerie, qu’est-ce qu’il y a en dehors du coeur ? Mes saints disciples, avez-vous compris ?)
Le moine questionna :
— Les Immortels, qu’est-ce qu’ils si-gnifient ?
Je répondis :
— Se fatiguer en brûlant vainement le ciel.
Le bonze demanda :
— Pourquoi le Bouddha ne répri-mandait-il les Immortels ?
Je répondis :
— Prendre le feu pour brûler le ciel, cela n’est pas un péché !
Le moine interrogea :
— Le démon, qu’est-ce qu’il signifie ?
Je répondis :
— Battre le tambour de la montagne du Sud, chanter une chanson des régions du Nord, faire un potin du diable.
Le moine demanda :
— Pourquoi le Bouddha réprimandait-il pas le démon ?
Je répondis :
— Il avait créé beaucoup de difficultés, il était répréhensible.
Le moine questionna :
— Qu’est-ce donc la compréhension du sens absolu du dharma bouddhique ?
Je répondis :
— Sans parler de comprendre son coeur, ni de voir sa nature dans la clarté du coeur, mais dire l’indistinction et le vague.
(L’indistinction et le vague sont du propos de Lao Tzu, il ne s’agit pas de l’état où l’on a la tête cassée, mais c’est la clarté primitive, lumineuse et vivante de l’origine.)
1 Qui réalise l’Éveil sur les vicissitudes de l’existence, et qui réalise l’Éveil par lui-même et pour lui-même.
2 Ce sont les saints hommes éclairés qui sont entrés dans le nirvâna et qui ont fini le cycle de leurs existences.