Le Franchissement de l’océan de vie et de mort--Préface de l’auteur
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Une nuit, le bodhisattva Avalokités-vara apparut dans ma chambrette de re-traite solitaire. Il me donna une paire de chaussures et par curiosité, je demandai :
— Quel genre de chaussures est-ce ? Le bodhisattva répondit :
— Ce sont des chaussures à voyager en esprit.
— Pour quoi faire ?
Il expliqua :
— Nous voudrions que vous, le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu, éprouviez en personne l’état intermédiaire, c’est-à-dire que vous fassiez vous-même l’expérience des situations de la mort. En-suite, vous écrirez un livre intitulé Le Fran-chissement de l’océan de vie et de mort pour que le genre humain comprenne que la fin de la vie est une réalité.
Je dis :
— Il y a la naissance, il y a certaine-ment la mort, c’est la nature. Pourquoi cela nécessite-t-il d’être consigné par écrit ?
Le bodhisattva répondit :
— C’est une situation pressante tels des sourcils menaçant de s’enflammer.
— Pourquoi ?
— Les êtres vivants pensent qu’il suffit d’avoir une bonne santé, ils ne savent pas que l’homme arrive fort vite à la période entre deux âges, puis à la vieillesse, et tombe fa-cilement malade. Ce qui est le plus important, c’est de laisser tout le monde avoir une connaissance de la fin de la vie et comprendre le processus des phénomènes de la mort. Aux personnes, qu’elles soient bouddhistes, chré-tiennes, catholiques, musulmanes, ou même
athées, vous montrerez par écrit le véritable état de la mort, et cet aspect est en fin de compte le plus important.
Je demandai :
— Est-ce que les gens croiront à ce que je vais écrire ? Le bodhisattva répondit :
— Ce n’est pas de la superstition, tout le monde peut mourir, personne n’est ex-empté. La mort est une question réaliste, elle ne présente pas de traits communs avec la superstition. Après la mort, ce n’est pas du tout la fin. Le bouddhisme, le tan-trisme, le christianisme, le brahmanisme et l’islam ont tous la même certitude qu’il existe des états sphériques après la mort, et qui sont prouvables. Le monde des esprits existe réellement, nous voudrions que vous le montriez par écrit, nous souhaitons que vous alliez le vérifier personnellement et le fassiez connaître, ce qui pourra secourir les êtres animés.
— Cela pourra-t-il vraiment porter se-cours au monde ? demandai-je.
— Le bodhisattva Avalokitésvara pro-nonça une stance :
La perception est venue après la lecture,
La délivrance est acquise après la pratique,
L’affranchissement est rendu après y avoir ajouté foi,
L’illumination est atteinte après l’obtention de la compréhension.
Je dis en toute sincérité à tout le monde qu’aussitôt enfilées les chaussures à voyager en esprit, je suis tombé malade. Déjà, je mentionnai par écrit que « l’eau du Lac
foliacé devenait froide » et que « je priais mes trois déités d’élection », car je pensais que je mourrais à cinquante-huit ans ; probable-ment, j’allais mourir. J’éprouvai les souf-frances terrifiantes de la maladie, j’étais gra-vement malade.
Ce n’est pas un propos extravagant ! Ce n’est pas une pensée délirante !
Ce n’est pas une croyance sans fonde-ment !
C’est l’expérience que j’ai éprouvée après avoir porté les chaussures à voyager en esprit. Ce que j’ai subi est difficile à imaginer pour le genre humain. J’ai enduré les peines les plus grandes, les douleurs les plus fortes. Je suis un ermite libre et indépendant pré-sentant une bonne mentalité, je suis capable de séjourner dans le Monde des dix direc-tions. Pourtant, dès que les chaussures à voyager en esprit ont été mises, j’ai vraiment goûté la maladie et la mort.
Mes Quatre Grands0F1 se sont dispersés :
La montagne s’éboula, la terre se fendit ;
La submersion fit mourir la vie ;
Le volcan explosa ;
La bise aigre fut glaciale.
Je suis entré dans les Huit Enfers froids et les Huit Enfers chauds.
Je n’ai absolument aucune intention d’effrayer les êtres vivants ; je suis réellement tombé dans le piège de la mort où je voulais vivre mais ne le pouvais pas, et où je voulais mourir mais ne le pouvais pas non plus. Je n’exagère pas mes propos, je ne m’en vante pas non plus. Il suffit d’être humain, et on
peut tous mourir ; même si l’on a un corps robuste comme en fer forgé ou en acier moulé, on peut tout de même mourir.
Puisque j’ai éprouvé tant de souf-frances, j’espère que les êtres vivants « se délivreront de la souffrance et obtien-dront le bonheur ». Donc, je désire com-poser un livre, un livre très important, qui s’intitule Le Franchissement de l’océan de vie et de mort, qui « permette de sup-primer toutes les souffrances ». C’est la vérité, sans la moindre hypocrisie.
Je souhaite que tout le monde pense à cette stance :
Le corps est inconstant et le temps s’écoule rapidement,
Il faut se délivrer de toutes les souffrances qui tourmentent si-multanément,
En souhaitant s’exercer à la pra-tique de la perfection avec le Vrai Bouddha,
Et consacrer complètement le corps de rétribution à la renais-sance dans la Terre de la joie suprême.
Les coordonnées de l’auteur :
Le bouddha vivant Lian-sheng,
Maître Sheng-yen Lu
17102 NE 40th Court
Redmond, WA 98052
U. S. A.
1 Les quatre grands éléments qui composent toutes choses : la terre, l’eau, le feu, l’air.