La transmigration par les Six Voies sous l’oeil céleste (1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Dans mon oeil céleste, la vie, la mort et le
samsâra (le cycle des existences) sont non seulement
multiples, mais aussi renaissants sans
cesse.
Le mot « transmigration » est adéquatement
utilisé, comme une roue qui tourne sans
arrêt. Cependant, le genre humain ignore depuis
toujours qu’il ne s’agit pas uniquement
d’une roue, mais, dans mon oeil, d’innombrables
roues qui tournent sans fin.
Le samsâra sans clarté et sans
commencement :
Puisqu’il n’a pas de commencement
absolu,
Il est certain qu’il n’a pas de fin
définitive.
Il y a en cet endroit une apparition, il y a
également une disparition. Pour cela, il n’y a
que le bouddhisme qui parle de la délivrance du
cycle des existences pour atteindre la véritable
« nature de la vacuité » ou l’état suprême du
nirvâna, ce qui est la voie de la bodhi où se
transcende le samsâra.
Ce que je vois, c’est :
– le soi matériel ;
– le soi divinisé du brahmanisme ;
– l’aura de l’islam ;
– l’âme du christianisme ;
– l’état intermédiaire du bouddhisme
tantrique.
Je dis en toute sincérité à tout le monde
que la fonction du corps et du coeur se trouve
justement là-dedans ; c’est radicalement
un corps complexe qui change sans arrêt,
successivement ; c’est un état instantané
d’une série de causes et d’effets qui se produisent
sans fin. Pour moi, ce n’est pas uniquement
après la mort qu’on subit le samsâra, mais
avant la renaissance, des phénomènes de la
transmigration apparaissent déjà.
Je connaissais un homme célèbre, un
grand propriétaire de biens, son rang social était
haut et éminent, et dans le domaine de la politique
et celui de l’économie, il était un personnage
excellent. Pourtant, avec mon oeil céleste,
j’ai constaté que son esprit était entré dans une
nouvelle vie. Bien qu’il ne soit pas encore mort,
tout comme dans un nouveau corps, il s’était réincarné
depuis longtemps en un grand serpent.
Autrement dit, dès qu’il serait mort, son corps
complexe d’âme et de matière serait un grand
cobra. Sa mort serait précisément le commencement
d’une vie sous une autre forme.
Mais est-ce que vous le croyez ? Cet
homme réputé n’était pas encore mort, pourtant,
j’ai remarqué qu’il avait commencé depuis
longtemps à subir le samsâra dans les Six
Voies.
Avec mon oeil céleste, j’observe les états
phénoménaux selon lesquels les êtres sont
constitués d’agrégats :
– une femme est depuis longtemps possédée
par l’esprit d’un rat ;
– une autre femme est hantée par l’esprit
d’un renard élevé par un Indien ;
– un homme est fréquenté par l’esprit
d’un ours.
Beaucoup d’enfants sont possédés par
l’esprit d’un singe, mais d’après le diagnosticmédical,
ils sont considérés comme souffrant de
psychose maniaco-dépressive, (ce sont des
enfants agités).
Parmi les pratiquants de la perfection, le
nombre de ceux qui sont possédés par un
démon est aussi très important, car s’ils ne
s’exercent pas dans le droit dharma, s’ils ne se
cultivent pas correctement, alors aussitôt
qu’ils marcheront sur le sentier dépravé
du démon vicieux, ils seront facilement
possédés par le diable. (Plus ils mettent la
pratique en application, plus ils deviennent
dédaigneux, fanfarons, délirants et
plus ils s’agrippent aux puissants pour réussir
et chercher le renom et le profit.)
J’ai vu qu’une fille de six ans à peine
heurtait chaque nuit sa tête contre son lit, en faisant
du bruit, pif ! paf !
Son médecin traitant avait les mains
liées.
Les grands moines bouddhistes n’avaient
aucun recours. Les médiums se trouvaient impuissants.
Les talismans et les incantations ne produisaient
aucun effet. Car cette petite enfant
avait tué dans sa vie antérieure une personne
au lit, et l’esprit de ce mort venait réclamer sa
dette de sang. Alors, dans sa vie présente, la fillette
devait rembourser sa dette par la douleur
causée par le heurt de sa tête contre le lit. (On
appelle cette situation la possession d’un
spectre.)
Avec mon oeil céleste, j’ai observé les
patients des grands hôpitaux : la gorge incisée,
un rein enlevé, le coeur transplanté, le foie
coupé, le crâne ouvert, l’intestin raccourci, le
foie déchiré, les membres amputés… (Ce sont
des supplices de l’enfer.)
Avec mon oeil céleste, j’ai examiné plusieurs
politiciens, grands personnages de la politique,
pleins de pouvoir pour décider de la
vie et de la mort. L’image d’un grand roi
asura apparaît sur leur visage, car ils prennent
du plaisir dans la lutte de pouvoir et le massacre.
La guerre ne retrouve jamais le jour
de la paix. (Ils ont transmigré depuis longtemps
en asura.)
La transmigration dans les Six Voies est
gravée visiblement ou non sur le visage du
genre humain, la différence ne provenant que
de la lourdeur ou de la légèreté du karma négatif.
Les Six Voies du samsâra sont : la voie
du Ciel, la voie de l’Humanité, la voie de l’Asura,
la voie de l’Enfer, la voie de l’Esprit affamé, la
voie de l’Animalité. Tout cela n’est rien d’autre
qu’une rétribution karmique de lacausalité conditionnant
la vie antérieure, la vie présente et la
vie prochaine. Dans mon oeil céleste, l’âme suicidée
est, pareillement, fort pitoyable, car même
si elle transmigre en un être humain, celui-ci devient
effectivement :
– sourd-muet ;
– débile ou estropié ;
– emporté par des syndromes étranges et
des maladies rares.