La vie est un passage (1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
La dispersion des Quatre Grands est
une expérience ;
Les Huit Froids0F
1 et les Huit Chauds1F
2
sont aussi une expérience.
Après la fragmentation cérébrale, le
lotus à huit pétales s’est ouvert, et celui qui
s’asseyait au centre du lotus, autrement dit,
mon corps séjournant dans l’état intermédiaire,
était justement mon esprit originel, le moi authentique,
le bouddha authentique, la Réalité
suprême, la nature propre, la nature de bouddha,
la lumière authentique… que j’ai cultivés
depuis très longtemps.
Pour parler sérieusement, c’est le nirvâna
du pratiquant de la perfection. Le pratiquant,
homme véritablement éveillé, se délivre
complètement des six voies de la réincarnation
ainsi que de la souffrance corporelle. Le nirvâna
est une expérience parfaitement éprouvée.
Au terme des facultés de l’esprit éveillé,
l’ennui et le tourment n’existent pas chez
lui ; au sujet du voyage spirituel, ce sont des
promenades aussi aisées que puissantes, et il
dispose des Dix Forces du Tathâgata :
1. La force de la sagesse ;
2. La force de la connaissance totale
sur les vies antérieures ;
3. La force de la concentration dans la
méditation ;
4. La force de la connaissance sur la rétribution
karmique des êtres vivants ;
5. La force de la connaissance sur la
compréhension des êtres vivants ;
6. La force de la connaissance sur les
Dix Mondes du dharma dans l’espace ;
7. La force de la connaissance sur la
causalité ;
8. La force infinie de l’oeil céleste ;
9. La force du nirvâna n’ayant pas
d’écoulement ;
10. La force de l’absence complète de
toutes les confusions.
En plus, le pratiquant de la perfection,
ayant acquis et éprouvé l’Illumination parfaite
et universelle, est capable de se manifester
partout en suivant la pensée karmique des
êtres animés des dix directions.
Pour moi, le plus dommage, ce sont
les âmes ignorantes qui, étant dans l’état intermédiaire,
vagabondent dans l’océan de
souffrance de la vie et de la mort. Elles s’égarent
dans l’illusion et, vivantes, ne savent pas qu’elles
sont en vie, et après leur mort, ignorent qu’elles
sont déjà mortes. Elles sont dédaigneuses,
jalouses, paresseuses, coléreuses, avides,
lascives, stupides… Tous ces éléments de
l’ignorance font que beaucoup de gens ne se
cultivent pas dans la pratique de la perfection,
ne rencontrent pas une bonne production
conditionnée, et deviennent des êtres humains
et des animaux qui demeurent dans les deux
voies du samsâra ou des voyageurs dans les
quatre autres voies du cycle des existences.
fin
Cependant, l’état intermédiaire que
j’ai remarqué, c’est que l’esprit de la personne
décédée entre dans un autre rêve et
qu’évidemment ce rêve n’est pas un vide
absolu, qu’il ne fait absolument pas partie
du néant, ni de la vacuité, c’est à proprement
parler l’âme.
L’état intermédiaire (chung yin), c’est
l’âme.
Dans le taoïsme, c’est l’esprit originel.
L’état intermédiaire s’appelle aussi
chung you.
C’est-à-dire qu’après la mort de quelqu’un
et avant son entrée dans la roue des Six
Conditions d’existence, il existe une vie engendrée
par une substance subtile et qui
maintient son principe vital, et cette vie transformée
est le corps de son âme qui séjourne
dans l’état intermédiaire. D’après l’explication
du bouddhisme tantrique, ce corps de
l’âme doit traverser une vie et une mort tous
les sept jours pendant quarante-neuf jours ; et
après avoir vécu sept bonnes vies et morts,
l’âme attend l’arrangement mis en place par
les causes karmiques, elle entre ensuite dans
l’une des Six Voies du samsâra, en transmigrant
une nouvelle fois et en se promenant
dans l’état sphérique de ces Six Voies.
D’après mes connaissances, pour les
pratiquants de la perfection, après leur mort,
avant leur renaissance et n’ayant pas encore subi
le cycle des existences dans les Six Voies de la
réincarnation, autrement dit dans leur état
intermédiaire, ils savent déjà où ils vont renaître.
(C’est la compréhension de la renaissance dans
l’état intermédiaire.)
Ceux qui ne s’exercent pas à la pratique
de la perfection deviennent, après leur mort,
des corps illusoires et aveugles séjournant
dans l’état intermédiaire et vagabondant dans
le cycle des existences :
– tout à coup, ils cherchent leurs parents
proches ;
– tout à coup, ils errent dans le cimetière ;
– tout à coup, ils retournent chez eux ;
– tout à coup, ils effleurent les objets
qu’ils adorent ;
– tout à coup, ils pensent à leur passé.
Ce qui se produit souvent, c’est que
le corps qui demeure dans l’état intermédiaire
se déplace rapidement : soudain, il est à l’est,
brusquement, il se trouve à l’ouest, autrement
dit, c’est un esprit qui se dispense de toute
contrainte. Si on parle dans le sens du sentiment,
il a alors un caractère très complexe ; dans le
sens de la volonté, ses mouvements sont libres,
mais il éprouve une sensation d’incapacité.
Cette sensation d’incapacité éprouvée
par la personne morte provient de ce que
les gens du monde matériel n’entendent pas
du tout ce qu’a dit et fait le défunt. Ils ne
sentent absolument rien, sauf les médiums.
Prenons-moi comme exemple :
La fragmentation cérébrale est une
expérience que le bodhisattva Avalokitésvara
m’a fait éprouver. Je disais, déprimé :
Je me suis délivré de la souffrance
dans la souffrance, (les douleurs disparaissent
de façon naturelle après la
mort) ;