La voie de la délivrance de l’âme dans l’état intermédiaire (2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Parce qu’il se trouve souvent dans le
royaume ténébreux des enfers pour délivrer
les êtres de la souffrance et les sauver des
calamités, il a formé ce grand voeu :
L’enfer ne s’étant pas évacué,
Je renonce à atteindre l’état de bouddha.
C’est la raison pour laquelle on l’appelle
« Namo le chef du monde ténébreux
des morts, le bodhisattva Ksitigarbha au
grand voeu ».
J’ai éprouvé la profonde impression
que l’endroit le plus pénible des six voies
de la réincarnation est la voie de l’Enfer. Il
y a le Grand Enfer fondamental renfermant
seize enfers en tout, soit les Huit Enfers
chauds et les Huit Enfers froids. En plus de
cela, il existe les enfers périphériques, c’està-
dire les seize enfers transitoires et supplémentaires
situés aux quatre orients des
Huit Enfers chauds. Il y a aussi les Enfers de
la solitude, endroits non fixes, soit dans les
montagnes, soit dans les plaines de campagne,
soit sous les arbres, soit au bord de
l’eau ; ce sont les enfers que le genre humain
s’attire avec ses karmas négatifs.
En ce qui concerne la rétribution et
la durée des souffrances, tous les enfers se
différencient les uns des autres. Le Grand Enfer
fondamental est le plus pénible, les enfers
périphériques sont classés en second lieu, et
les Enfers de la solitude viennent après.
Voici ce que j’ai observé avec mon
oeil céleste :
Les enfers ne se trouvent pas uniquement
sous la terre, ils ne sont pas non plus tous
au fond de la mer, car il existe bien des enfers
en ce bas monde. Je dis souvent que les
grands hôpitaux sont de grands enfers, les
malades qui y sont transportés sont tous
souffrants ; c’est aussi à cause de la rétribution
de leurs karmas.
Ce qu’on voit souvent dans les grands
hôpitaux, c’est l’ouverture du crâne, l’incision
de la gorge, l’ablation du coeur, l’enlèvement
du foie, la greffe du rein, l’amputation
des membres, l’ablation des intestins, l’excision
de l’estomac…
Ciel !
Si ce ne sont pas les supplices de l’enfer,
c’est quoi alors ? Outre cela, il y a aussi :
– le cancer ;
– le diabète ;
– l’attaque cérébrale ;
– le sida ;
– la maladie mentale ;
– etc. (Nombreuses sont les quatrevingt-
quatre mille sortes de maladies.)
Si les malades qui ont contracté ces
maladies ne subissent pas de supplices, ils
souffrent de quoi alors ?
Il est vrai que la souffrance qui existe en
ce bas monde et la délivrance de l’âme dans
l’état intermédiaire sont, structuralement, trop
similaires, car, pareillement, le monde est
souffrance, vide, impermanence, non-moi.
Aujourd’hui, je peux dire avec cou-rage que ce bas monde fait bien partie des six voies de la réincarnation. Pour ce qui est du corps charnel de l’homme et de l’âme dans l’état intermédiaire après la mort, ce n’est qu’une question conceptuelle du monde principal et du monde secondaire. La déli-vrance pour laquelle l’être humain s’exerce dans la pratique de la perfection et la déli-vrance de l’âme dans l’état intermédiaire n’ont effectivement pas de grande diffé-rence entre elles.
Leur différence est :
– il existe ici-bas le corps concret (le corps charnel), ce qui donne un peu plus de sensation réelle ;
– l’âme qui se trouve dans l’état in-termédiaire n’a pas d’enveloppe charnelle, ce qui donne un peu plus de sensation illu-soire.
Cependant, quand un individu est mort, d’après la vision de son âme qui est entrée dans l’état intermédiaire, les lumières et les ombres qu’il aperçoit après sa mort sont tout de même bien « réelles ».
Comme si quelqu’un faisait un rêve et que, dans son rêve, il pensait que tout était réel. Après son réveil, il a compris que ce n’était qu’un simple état de rêve.
Pourquoi le bouddhisme tantrique apprend-il à tout le monde à cultiver ses rêves, à connaître le rêve, le rêve distinct, le rêve clair, à savoir se cultiver dans le rêve ?
Parce que l’âme qui se trouve dans l’état intermédiaire ressemble à un rêve.
Si vous avez la capacité de vous cul-tiver dans vos rêves, d’y réciter le nom du bouddha, d’y psalmodier le mantra, vous pourrez également dans vos rêves pratiquer le dharma et prendre refuge dans le gourou de diamant, le bouddha, le dharma et la sangha. Évidemment, l’âme qui séjourne dans l’état intermédiaire sera délivrée de la même façon.
Le Sûtra du voeu primordial du bodhi-sattva Ksitigarbha a clairement indiqué que l’on exhorte les moribonds ou les gens à peine morts à ne pas s’engager dans les voies dangereuses et à les quitter en toute hâte. Ils pourront ainsi voir la claire lumière, prendre refuge dans le bouddha, dans le dharma, dans la sangha. Le bodhisattva illumine l’âme qui demeure dans l’état intermédiaire pour qu’elle puisse se souvenir de son gourou-racine, de sa déité d’élection, de son protecteur du dharma, ce qui lui donne la possibilité d’atteindre l’état mûr de délivrance. Si leurs forces karmiques générées ici-bas sont déga-gées et que leur âme qui est dans l’état intermé-diaire est capable de s’unir dans la lumière du Tathâgata, elle atteindra certainement en un instant bref la Terre pure du Tathâgata.