■Le bouddha vivant Lian-sheng    Sheng-yen Lu

■Le Franchissement de l'océan de vie et de mort

  ~Le plus grand événement de la vie~

■Traduit du chinois par Sandrine Fang

■Copyright © Sheng-yen Lu ©2012, Éditions Darong

 

Dans mon oeil céleste, la vie, la mort et le samsâra (le cycle des existences) sont non seulement multiples, mais aussi renaissants sans cesse.

Le mot « transmigration  » est adéquatement utilisé, comme une roue qui tourne sans arrêt. Cependant, le genre humain ignore depuis toujours qu'il ne s'agit pas uniquement d'une roue, mais, dans mon oeil, d'innombrables roues qui tournent sans fin.

Le samsâra sans clarté et sans commencement :

Puisqu'il n'a pas de commencement absolu,

Il est certain qu'il n'a pas de fin définitive.

Il y a en cet endroit une apparition, il y a également une disparition. Pour cela, il n'y a que le bouddhisme qui parle de la délivrance du cycle des existences pour atteindre la véritable « nature de la vacuité » ou l'état suprême du nirvâna, ce qui est la voie de la bodhi où se transcende le samsâra.

Ce que je vois, c'est :

–le soi matériel ;

–le soi divinisé du brahmanisme ;

–l'aura de l'islam ;

–l'âme du christianisme ;

–l'état intermédiaire du bouddhisme tantrique.

Je dis en toute sincérité à tout le monde que la fonction du corps et du coeur se trouve justement là-dedans ; c'est radicalement un corps complexe qui change sans arrêt, successivement ; c'est un état instantané d'une série de causes et d'effets qui se produisent sans fin. Pour moi, ce n'est pas uniquement après la mort qu'on subit le samsâra, mais avant la renaissance, des phénomènes de la transmigration apparaissent déjà.

Je connaissais un homme célèbre, un grand propriétaire de biens, son rang social était haut et éminent, et dans le domaine de la politique et celui de l'économie, il était un personnage excellent.

Pourtant, avec mon oeil céleste, j'ai constaté que son esprit était entré dans une nouvelle vie. Bien qu'il ne soit pas encore mort, tout comme dans un nouveau corps, il s'était réincarné depuis longtemps en un grand serpent. Autrement dit, dès qu'il serait mort, son corps complexe d'âme et de matière serait un grand cobra. Sa mort serait précisément le commencement d'une vie sous une autre forme.

Mais ! Est-ce que vous le croyez ? Cet homme réputé n'était pas encore mort, pourtant, j'ai remarqué qu'il avait commencé depuis longtemps à subir le samsâra dans les Six Voies.

Avec mon oeil céleste, j'observe les états phénoménaux selon lesquels les êtres sont constitués d'agrégats :

 

–Une femme est depuis longtemps possédée par l'esprit d'un rat.

–Une autre femme est hantée par l'esprit d'un renard élevé par un Indien.

–Un homme est fréquenté par l'esprit d'un ours.

Beaucoup d'enfants sont possédés par l'esprit d'un singe, mais d'après le diagnostic médical, ils sont considérés comme souffrant de psychose maniaco-dépressive, (ce sont des enfants agités).

Parmi les pratiquants de la perfection, le nombre de ceux qui sont possédés par un démon est aussi très important, car s'ils ne s'exercent pas dans le droit dharma, s'ils ne se cultivent pas correctement, alors aussitôt qu'ils marcheront sur le sentier dépravé du démon vicieux, ils seront facilement possédés par le diable. (Plus ils mettent la pratique en application, plus ils deviennent dédaigneux, fanfarons, délirants et plus ils s'agrippent aux puissants pour réussir et chercher le renom et le profit.)

J'ai vu qu'une fille de six ans à peine heurtait chaque nuit sa tête contre son lit, en faisant du bruit, pif ! paf !

Son médecin traitant avait les mains liées.

Les grands moines bouddhistes n'avaient aucun recours.

Les médiums se trouvaient impuissants.

Les talismans et les incantations ne produisaient aucun effet.

Car cette petite enfant avait tué dans sa vie antérieure une personne au lit, et l'esprit de ce mort venait réclamer sa dette de sang. Alors, dans sa vie présente, la fillette devait rembourser sa dette par la douleur causée par le heurt de sa tête contre le lit. (On appelle cette situation la possession d'un spectre.)

Avec mon oeil céleste, j'ai observé les patients des grands hôpitaux : la gorge incisée, un rein enlevé, le coeur transplanté, le foie coupé, le crâne ouvert, l'intestin raccourci, le foie déchiré, les membres amputés… (Ce sont des supplices de l'enfer.)

Avec mon oeil céleste, j'ai examiné plusieurs politiciens, grands personnages de la politique, pleins de pouvoirs pour décider de la vie et de la mort. L'image d'un grand roi asura apparaît sur leur visage, car ils prennent du plaisir dans la lutte de pouvoir et le massacre. La guerre ne retrouve jamais le jour de la paix. (Ils ont transmigré depuis longtemps en asura.)

La transmigration dans les Six Voies est gravée visiblement ou non sur le visage du genre humain, la différence ne provenant que de la lourdeur ou de la légèreté du karma négatif.

Les Six Voies du samsâra sont : la voie du Ciel, la voie de l'Humanité, la voie de l'Asura, la voie de l'Enfer, la voie de l'Esprit affamé, la voie de l'Animalité. Tout cela n'est rien d'autre qu'une rétribution karmique de la causalité conditionnant la vie antérieure, la vie présente et la vie prochaine. Dans mon oeil céleste, l'âme suicidée est, pareillement, fort pitoyable, car même si elle transmigre en un être humain, celui-ci devient effectivement :

–sourd-muet ;

–débile ou estropié ;

–emporté par des syndromes étranges et des maladies rares.

Avec mon oeil céleste, j'ai observé une femme entre deux âges. Elle avait pris refuge auprès du bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu. Depuis plusieurs vies, elle n'avait pas commis un acte, un forfait provoquant la colère du Ciel, et dans cette vie présente, elle s'efforçait de réciter le nom du Bouddha, de psalmodier des incantations et de pratiquer le Dharma tantrique du Vrai Bouddha.

Actuellement, cette personne continue à secourir ses voisins, ses collègues, ses parents proches, ses amis, et à les convertir au bouddhisme.

Elle n'est pas encore bonzesse mais, en tant que disciple laïque, elle seconde son maître vénérable, en vue de secourir et convertir les êtres vivants.

Elle suit scrupuleusement les observances :

–ne pas tuer ;

–ne pas voler ;

–ne pas se débaucher ;

–ne pas mentir ;

–ne pas s'enivrer.

Notamment pour la parole, elle n'articule pas de propos égrillards ni de propos mensongers, elle n'a pas de double langage et ne prononce pas d'injures. Depuis toujours, elle ne parle pas beaucoup et ne fait pas de bavardage.

Avec les gens et dans les affaires du monde, elle ne s'attire ni plainte ni rancune.

Elle est fort miséricordieuse, en voulant donner à tous les êtres vivants la paix et la joie. Elle a pris conscience de la grande souffrance des êtres animés, en voulant les libérer de la souffrance. Elle s'attache à l'idée d'avoir un coeur de compassion et d'affliction pour les êtres vivants. À savoir, dès que celui-ci est formé, douze intérêts invisibles sont alors générés à la suite :

–être constamment accompagné par le bonheur ;

–avoir un sommeil doux et tranquille ;

–être protégé par des esprits divins ;

–être respecté par tout le monde ;

–se dispenser de toutes les nuisances ;

–s'éloigner des lieux dangereux ;

–ne pas se noyer ;

–ne pas se consumer par les flammes ;

–obtenir tous les profits ;

–acquérir le renom sans le chercher ;

–monter dans le Monde de Brahmâ① ;

–aller renaître à la Terre pure de la joie parfaite.

Elle a également acquis la méthode du non-écoulement qui n'est pas l'écoulement matériel mais l'absence d'ennuis. Les ennuis ou les tourments proviennent de l'avidité, de la colère et de l'ignorance. Jour comme nuit, les ennuis s'échappent sans cesse des Six Racines. Elle n'est ni avide, ni coléreuse, ni ignorante, elle est une véritable pratiquante de la perfection.

Avec mon oeil céleste, j'ai examiné cette disciple et j'ai remarqué qu'il y avait exactement au milieu de ses deux sourcils une lumière blanche subtile, ce qui est l'une des trente-deux caractéristiques remarquables que posséderaient les bouddhas et les bodhisattva.

Je fus frappé d'étonnement.

Je témoigne avec corroboration qu'elle atteint déjà la Terre immaculée, fruit de rétribution dans les dix étapes de la carrière du shrâvaka (disciple auditeur), du pratyeka-buddha (illuminé solitaire) et du bodhisattva. Elle réalisera bientôt l'état du bodhisattva.

Dans une méditation profonde, elle a discerné mon apparition ainsi que celles d'une centaine de bodhisattva. Ces derniers et moi-même nous sommes manifestés avec notre corps de rétribution portant tous une grande couleur céleste. Que c'était majestueux ! Que c'était excellent ! Que c'était émouvant !

Je dis : « Cette disciple renaîtra certainement dans le royaume du Bouddha. »

 

 

①Le Monde de Brahmest constitupar les dix-hit cieux du monde des formes.

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