■Le bouddha vivant Lian-sheng Sheng-yen Lu
■Le Franchissement de l'océan de vie et de mort
~Le plus grand événement de la vie~
■Traduit du chinois par Sandrine Fang
■Copyright © Sheng-yen Lu ©2012, Éditions Darong
Dans le Roman historique de la mythologie dans la haute antiquité, j'admire la légende de Huang Ti (le Souverain Jaune) qui monta au ciel. Huang Ti, personnage de l'Antiquité chinoise, qui avait vaincu Ch'ih Yu, était à l'origine un dieu venant du ciel. Les personnages mythologiques de la haute antiquité de la Chine comme Fu Hsi, Shen Nung, Hsüan Yüan, Sui Jen, Yu Ch'ao, Nü Kua, et même Yao, Shun, Yü, Ti Chün, Ti K'u, Hou I, Ch'ang E, etc., s'ils n'étaient pas des êtres divins, étaient alors mi-hommes, mi-dieux.
Huang Ti, au temps antique, adorait se promener pour jouir des beautés du paysage. Il demandait souvent à deux de ses ministres de l'accompagner comme gardes du corps, l'un s'appelait Feng-hou, l'autre Chang-bo ; l'un portait des livres sur le dos et l'autre une épée précieuse. Huang Ti s'amusait ainsi dans ce monde avec distinction et aisance.
Alors, dans les traces de pas laissées par Huang Ti, il y a :
–le Ch'ing-ch'iu,
–le lac Tung-t'ing,
–le mont E-mei,
–le mont Wang-wu…
Plus tard, étant conscient du moment du retour au ciel, Huang Ti fit fondre un précieux récipient, en bronze à trois pieds et d'une taille gigantesque. (D'après une représentation taoïste, ce récipient servait à préparer l'élixir de longue vie, et cet art du raffinage s'est répandu depuis.) Le précieux récipient fut ouvragé, d'une toise et trois pieds de hauteur, sa contenance pouvait atteindre mille boisseaux de céréales. Sur la partie extérieure du récipient, il y avait un dragon sculpté qui prenait son envol dans les nuages, des lutins, des génies divins, des oiseaux rarissimes et des quadrupèdes extraordinaires.
Lorsqu'on donnait un banquet pour célébrer une victoire avec ce précieux récipient, les esprits divins du Ciel et les peuples des huit directions venaient tous à la fête.
Le moment de la montée au ciel arriva, Huang Ti en fut bien conscient, le ciel s'ouvrit brusquement, et un dragon divin portant une cuirasse en or bien étincelant pencha son corps depuis un nuage et fit descendre ses poils de barbe jusqu'au-dessus du précieux récipient.
À cet instant, Huang Ti et ses ministres (toutes les divinités qui étaient descendues dans ce bas monde), au nombre de plus de soixante-dix, tous prirent leur élan, entrèrent dans le nuage et se trouvèrent ensuite à califourchon sur le dragon divin, lequel s'éleva doucement en se dirigeant vers la cour céleste.
En voyant Huang Ti monter au ciel, un certain nombre de petits seigneurs et de gens qui restaient sur le sol voulaient également aller à la cour céleste avec lui. Ils étaient pourtant incapables de s'élever en bondissant dans le nuage, et ne réussissaient pas à monter à califourchon sur le dragon divin. Ils craignaient de rester en arrière pour se cramponner à la barbe du dragon. Celle-ci ne pouvant pourtant pas supporter tant de personnes, beaucoup d'entre elles tombèrent alors pêle-mêle à terre, et plusieurs poils furent même arrachés. Ceux-ci étaient tombés à terre et des herbes y poussèrent, on appelle donc ces derniers les herbes de poils de barbe du dragon (ou les joncs).
Voilà l'histoire de Huang Ti qui monta au ciel.
En outre, l'histoire de Liu An, prince de Huai-nan① , qui s'éleva dans le ciel, est aussi fort prodigieuse.
Durant la dynastie des Han, le prince de Huai-nan se passionnait pour les sciences occultes des immortels.
Alors, huit seigneurs, huit vieillards étranges, vinrent lui enseigner les sciences occultes de l'immortalité. Plus tard, Liu An eut réellement du succès dans la pratique de l'alchimie. Il but alors sa propre recette alchimique et monta avec ces huit vieillards au ciel en plein jour.
Il existait encore chez lui des remèdes alchimiques qui étaient déposés dans son jardin, dans des pots et des bols. Les poules et les chiens élevés dans la cour vinrent les picorer ou les lécher. Voici que l'effet se fit voir sur-le-champ : les poules s'élevèrent doucement, les chiens également volèrent comme une flèche, tous montèrent dans les nuages en devenant des animaux immortels.
《Coqs et chiens montent au Ciel après que leur maître soit devenu immortel. 》 C'est une légende très célèbre.
Dans le bouddhisme tantrique, la Bonne Disparition de Padmasambhava, patriarche du tantrisme tibétain, est très connue :
Les quatre grands rois célestes descendirent du ciel en tenant les pieds d'un cheval céleste.
Padmasambhava monta sur le cheval céleste, s'éleva dans les airs et s'en alla.
Il laissa un propos célèbre :
Celui qui vénère le maître, estime le dharma et pratique diligemment le dharma obtiendra la Voie.
La Bonne Disparition est l'un des dix épithètes honorifiques du Bouddha. Le bon représente le bien, la disparition l'aller. Le bouddha Sâkyamuni s'exerçait dans la Voie droite, il est entré dans le nirvâna et s'en est allé pour un bon endroit (la Terre de l'immuabilité, de la quiétude et de la lumière), ce qui est la Bonne Disparition.
Aujourd'hui, nous pratiquons le Dharma tantrique du Vrai Bouddha, nous avons « à l'article de la mort, l'idée directrice » que le gourou nous a enseignée, c'est justement une conviction de la Bonne Disparition. Tout le monde doit mourir, personne ne peut y échapper, tous devraient connaître ce qu'est la mort et comprendre comment lui faire face et se diriger vers un état encore meilleur.
C'est :
–l'entrée dans le sentier de la vertu ;
–la pratique de la Voie bienfaisante ;
–la bonne délivrance ;
–la belle mort ;
–l'Éveil parfait.
Pour les véritables pratiquants de la perfection, lors de l'agonie, certains peuvent mourir de leur belle mort, sans subir ni maladie ni blessure, d'autres apprennent la date de leur décès par un esprit divin, certains sont habiles à quitter leur corps charnel, d'autres encore sont aptes à se réincarner en des bouddhas vivants. Pour les grands pratiquants, ils sont capables de mourir immédiatement après s'être assis, et de métamorphoser leur corps charnel en une lumière d'arc-en-ciel, ou de le transformer entièrement en reliques…
Quant à la plupart des gens, nous devons leur apprendre comment s'arracher au démon, comment donner des paroles avérées, comment réciter le nom du Bouddha, comment réciter les mantra, comment se sauver de l'état intermédiaire et comment transférer l'esprit par l'agrégat de lumière. Ils pourront procurer ainsi la Bonne Disparition.
①Liu An (179-122 av. J.-C.), prince de Huai-nan, titre confpar l'empereur Kao Tsu de la dynastie des Han de l'Ouest son fils.