■Le bouddha vivant Lian-sheng Sheng-yen Lu
■Le Franchissement de l'océan de vie et de mort
~Le plus grand événement de la vie~
■Traduit du chinois par Sandrine Fang
■Copyright © Sheng-yen Lu ©2012, Éditions Darong
C’est-à-dire qu'après la mort de quelqu'un et avant son entrée dans la roue des Six Conditions d'existence, il existe une vie engendrée par une substance subtile et qui maintient son principe vital, et cette vie transformée est le corps de son âme qui séjourne dans l'état intermédiaire. D'après l'explication du bouddhisme tantrique, ce corps de l'âme doit traverser une vie et une mort tous les sept jours pendant quarante-neuf jours ; et après avoir vécu sept bonnes vies et morts, l'âme attend l'arrangement mis en place par les causes karmiques, elle entre ensuite dans l'une des Six Voies du samsâra, en transmigrant une nouvelle fois et en se promenant dans l'état sphérique de ces Six Voies.
D'après mes connaissances, pour les pratiquants de la perfection, après leur mort, avant leur renaissance et n'ayant pas encore subi le cycle des existences dans les six voies de la réincarnation, autrement dit dans leur état intermédiaire, ils savent déjà où ils vont renaître. (C'est la compréhension de la renaissance dans l'état intermédiaire.)
Ceux qui ne s'exercent pas à la pratique de la perfection deviennent, après leur mort, des corps illusoires et aveugles séjournant dans l'état intermédiaire et vagabondant dans le cycle des existences :
–Tout à coup, ils cherchent leurs parents proches.
–Tout à coup, ils errent dans le cimetière.
–Tout à coup, ils retournent chez eux.
–Tout à coup, ils effleurent les objets qu'ils adorent.
–Tout à coup, ils pensent à leur passé.
Ce qui se produit souvent, c'est que le corps qui demeure dans l'état intermédiaire se déplace rapidement : soudain, il est à l'est, brusquement, il se trouve à l'ouest, autrement dit, c'est un esprit qui se dispense de toute contrainte. Si on parle dans le sens du sentiment, il a alors un caractère très complexe ; dans le sens de la volonté, ses mouvements sont libres, mais il éprouve une sensation d'incapacité.
Cette sensation d'incapacité éprouvée par la personne morte provient de ce que les gens du monde matériel n'entendent pas du tout ce qu'a dit et fait le défunt. Ils ne sentent absolument rien, sauf les médiums.
Prenons-moi comme exemple :
La fragmentation cérébrale est une expérience que le bodhisattva Avalokitésvara m'a fait éprouver. Je disais, déprimé :
Je me suis délivré de la souffrance dans la souffrance, (les douleurs disparaissent de façon naturelle après la mort) ;
La dispersion des Quatre Grands est une expérience ;
Les Huit Froids① et les Huit Chauds② sont aussi une expérience.
Après la fragmentation cérébrale, le lotus à huit pétales s'est ouvert, et celui qui s'asseyait au centre du lotus, autrement dit mon corps séjournant dans l'état intermédiaire, était justement mon esprit originel, le moi authentique, le bouddha authentique, la Réalité suprême, la nature propre, la nature de bouddha, la lumière authentique… que j'ai cultivés depuis très longtemps.
Pour parler sérieusement, c'est le nirvâna du pratiquant de la perfection. Le pratiquant, homme véritablement éveillé, se délivre complètement des six voies de la réincarnation ainsi que de la souffrance corporelle. Le nirvâna est une expérience parfaitement éprouvée. Au terme des facultés de l'esprit éveillé, l'ennui et le tourment n'existent pas chez lui ; au sujet du voyage spirituel, ce sont des promenades aussi aisées que puissantes, et il dispose des Dix Forces du Tathâgata :
1. la force de la sagesse ;
2. la force de la connaissance totale sur les vies antérieures ;
3. la force de la concentration dans la méditation ;
4. la force de la connaissance sur la rétribution karmique des êtres vivants ;
5. la force de la connaissance sur la compréhension des êtres vivants ;
6. la force de la connaissance sur les Dix Mondes du dharma dans l'espace ;
7. la force de la connaissance sur la causalité ;
8. la force infinie de l'oeil céleste ;
9. la force du nirvâna n'ayant pas d'écoulement ;
10. la force de l'absence complète de toutes les confusions.
En plus, le pratiquant de la perfection, ayant acquis et éprouvé l'Illumination parfaite et universelle, est capable de se manifester partout en suivant la pensée karmique des êtres animés des dix directions.
Pour moi, le plus dommage, ce sont les âmes ignorantes qui, étant dans l'état intermédiaire, vagabondent dans l'océan de souffrance de la vie et de la mort. Elles s'égarent dans l'illusion et, vivantes, ne savent pas qu'elles sont en vie, et après leur mort, ignorent qu'elles sont déjà mortes. Elles sont dédaigneuses, jalouses, paresseuses, coléreuses, avides, lascives, stupides… Tous ces éléments de l'ignorance font que beaucoup de gens ne se cultivent pas dans la pratique de la perfection, ne rencontrent pas une bonne production conditionnée et deviennent des êtres humains et des animaux qui demeurent dans les deux voies du samsâra ou des voyageurs dans les quatre autres voies du cycle des existences.
- fin -
①Les Huit Enfers froids.
②Les Huit Enfers chauds.