Le spectre effraie le spectre（2）
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Qu’est-ce que le Grand Spectre de la non-permanence ?
C’est le dieu de la mort !
C’est un démon !
C’est un monstre de cruauté !
C’est un grand esprit spectral !
Honorable pratiquant au lotus, veuillez ne pas craindre, récitez de tout votre coeur le nom du bouddha, psalmodiez le mantra, sans avoir peur, sans redouter, et le Grand Spectre de la non-permanence disparaîtra naturellement !
Si vous éprouvez de la frayeur, si vous avez peur, si vous vous affolez, si vous vous enfuyez, et si vous vous dissimulez dans un trou, c’est alors la catastrophe !
Dans un trou qui ressemble à un oeuf, vous vous réincarnerez dans l’espèce ovipare en devenant une poule, un canard ou une oie.
Dans un trou qui ressemble à un placenta, vous vous réincarnerez dans l’espèce vivipare en devenant une vache, un mouton ou un chien.
Dans un trou humide, vous vous réincarnerez en insecte en devenant une mouche, un moustique ou une simulie.
Dans un trou provenant d’une métamorphose, vous vous réincarnerez en un être qui séjournera dans les enfers ou dans le royaume des ténèbres, etc.
La viviparité, l’oviparité, la naissance sous l’action de l’humidité et la naissance par métamorphose sont les quatre formes de venue au monde. La première survient après une formation dans l’utérus maternel, comme pour l’être humain. La deuxième fait suite à une formation dans un oeuf, les oiseaux sont de cette catégorie. La troisième se produit tout en dépendant de l’humidité, comme pour les insectes. La quatrième se passe sans le moindre appui, elle n’est soudain engendrée que par la force du karma, comme pour les êtres qui séjournent dans les cieux et en enfer, ainsi que les êtres humains de la première période du kalpa0F1.
Je dis :
Si vous voyez un trou bien long et que vous y pénétrez, vous vous réincarnerez en serpent.
Si vous voyez un véhicule et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en coccinelle.
Si vous voyez un palanquin et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en crabe.
Si vous voyez un avion et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en oiseau.
Si vous voyez un train et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en mille-pattes.
Si vous voyez un navire et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en poisson.
Si vous voyez un bâtiment et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en coquillage.
Si vous voyez un abri antiaérien et que vous vous y cachez, vous vous réincarnerez en musaraigne.
1 Âge cosmique, cycle cosmique, période cosmique.
[…]
En fin de compte, en un mot, si vous voyez l’apparition du Grand Spectre de la non-permanence, vous n’avez pas besoin de le craindre, ni d’avoir peur, ni de paniquer, ni de vous esquiver, ni de vous cacher. Vous récitez le nom du bouddha ou psalmodiez le mantra.
Honorable pratiquant au lotus, vous devez connaître les quatre sortes de renais-sance :
La première, c’est la renaissance par la pensée juste. Le coeur de la personne agonisante ne se trouble pas, elle récite le nom du bouddha ou psalmodie le mantra. Elle va renaître à la Terre pure par sa pensée juste.
La deuxième, c’est la renaissance à travers l’état trouble. Avant l’agonie, le moribond était malfaisant ; à l’article de la mort, il voit l’arrivée du Grand Spectre de la non-permanence, le feu violent de l’enfer qui le pousse avec acharnement, et l’eau abondante qui le submerge. Dans l’état trouble, il entend soudain la voix d’un sage débonnaire qui lui apprend à réciter une fois ou dix fois le nom du bouddha. Puisqu’il le suit de tout son coeur, il pourra pareillement, à travers l’état trouble, aller renaître à la Terre pure.
La troisième, c’est la renaissance sans marque extérieure. Ceux qui ont pris refuge dans le bouddhisme récitent en temps ordinaire le nom du bouddha et psalmodient des mantras. Mais, à l’agonie, ils ne peuvent parler car leur esprit est perdu et devenu sans marque extérieure (de bien ou de mal). Cependant, en profitant du mérite procuré auparavant par leur récitation du nom du bouddha et du mantra, ils pourront également renaître à la Terre pure, dans le royaume du bouddha.
La quatrième, c’est la renaissance par la pensée. Un individu qui est hospitalisé, par exemple, n’a plus de respirations, il ne peut ni prononcer le nom du bouddha ni articuler le mantra, il y a beaucoup de cas comme celui-ci, il suffit alors de penser au bouddha, ce qui permet aussi de renaître à la Terre pure.
Dans l’école du Vrai Bouddha, nous, pratiquants au lotus, nous nous cultivons de préférence jusqu’à « la pureté de la nature originelle » qui est la Réalité absolue, le coeur authentique. Bien qu’il existe ici-bas toutes sortes d’ennuis, la nature propre purifiée est limpide comme l’espace céleste, elle peut être corroborée par la huitième conscience même, le trésor de Tathâgata, elle se délivre de toutes les images de discrimination, elle ne peut être exprimée par les mots, le passage de son coeur est l’extinction. C’est un état qu’on peut atteindre et prouver en personne.
Si on n’agit pas ainsi, il faut tout de même procurer la renaissance par la pensée juste et se cultiver jusqu’à l’état de correspondance avec le gourou-racine, la déité d’élection et le protecteur du dharma. Ainsi, on pourra certainement renaître à la Terre pure. Si cela ne marche pas non plus, l’agonisant devra alors bien réciter le nom du bouddha, c’est une méthode pratiquée par l’école de la Terre pure, tout en s’appuyant sur le voeu du bouddha Amitâbha pour pouvoir se délivrer du cycle des existences, et cela peut être compté comme la renaissance par la pensée juste !
fin
