Le maître vénérable qui tient un siège de lotus(2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Nous qui apprenons le bouddhisme comprenons que les spectres font partie
des êtres des Six Voies0F
1, mais il existe toutes sortes de distinctions entre eux.
Certains possèdent des parts de bonheur, on les appelle « spectres fortunés ». Certains
autres n’en ont pas, on les appelle « spectres dénués ». Et ceux qui manquent souvent
de nourriture sont alors des « esprits affamés ».
Le séjour des morts est le monde et la destination des spectres et a aussi pour
nom la voie des Spectres. Dans la religion bouddhique, c’est précisément :
– l’état de yaksa1F
2 ;
– l’état de râksasa2F
3 ;
– l’état de l’esprit affamé.
La plupart des spectres possèdent quelques pouvoirs puissants. Ceux qui ont
de grands pouvoirs surnaturels sont considérés par le genre humain comme des « dieux »,
on les appelle « grand dieu X ou Y ».
J’ai constaté que la voie des Spectres se situe dans l’un des mondes du dharma
des dix directions. Pour nous, le genre humain, notre âme qui après la mort se trouve
dans l’état intermédiaire et qui n’est pas encore entrée dans le cycle des renaissances
est aussi comptée comme un spectre.
Bien des gens pensent que l’homme devient un spectre après sa mort. Et ils
ont raison. Cependant, beaucoup estiment que l’être humain devenu un spectre reste
pour toujours dans le monde des spectres, dans la voie spectrale. Sur ce point-là, ils
ont pourtant tort.
À moins que votre âme qui était dans l’état intermédiaire ne transmigre dans
la voie spectrale, dans la destination des spectres, en devenant véritablement un
fantôme.
Ici, je dis tout particulièrement à chacun :
– dans l’état intermédiaire où se trouve l’âme, l’important est de penser aux
Trois Joyaux, aux Trois Racines fondamentales ;
– il faut l’imperturbabilité de tout son coeur ;
– il ne faut ni paniquer ni s’effrayer.
Dans l’état intermédiaire où est votre âme, il ne faut absolument pas être
poltron. N’importe quel farfadet gigantesque, diabolique, redoutable, terrifiant qui
apparaît devant vous, vous n’avez pas besoin de le craindre et vous devez tenir pour
certain que :
1. Il est venu délibérément vous faire peur.
2. C’est un reflet de votre conscience.
3. Le spectre n’est qu’une ombre illusoire.
4. C’est la manifestation de vos propres joie et colère. (C’est la force karmique.)
5. C’est pour éprouver votre pouvoir méditatif.
6. Vous ne devez pas prêter attention au bruit des mille tonnerres qui
éclatent en même temps du méchant spectre.
7. Vous ne devez ni appréhender les spectres, ni les craindre, ni les
redouter, ni en être sidéré.
8. Vous êtes déjà mort, aucun spectre ne peut vous faire du mal et tout
n’est qu’illusion.
9. Non seulement le spectre fait peur au spectre, mais les objets que vous
craigniez de votre vivant peuvent aussi, à cause d’un reflet de votre
conscience, se manifester. Gardez-le en mémoire, tout cela est un
reflet de votre conscience.
10. Sur le moment, la discrimination ne se fait que par la force de méditation
générée dans la visualisation méditative du défunt et sa sagesse.
La situation où le spectre effraie le spectre se présente vraiment comme une
voie dangereuse. Il ne faut pas penser que cette situation ne peut avoir lieu !
Le chapitre du Sûtra du voeu primordial du bodhisattva Ksitigarbha titré
« Les bienfaits attribués aux vivants et aux morts » consigne ceci :
Le Grand Spectre de la non-permanence arrive inopinément. L’âme du défunt se
promène dans l’au-delà, ses péchés et sa part du bonheur ne sont pas encore jugés.
Pendant les premiers quarante-neuf jours après sa mort, elle devient soit inepte soit
sourde, ou bien elle est attendue dans les cours pour entendre le jugement de ses
karmas commis. Après que la justice est rendue, elle se réincarne en suivant ses
karmas. Pendant le temps d’attente pour la renaissance énigmatique, elle se fait des
milliers et des milliers de chagrins, d’autant plus si elle déchoit dans les mauvaises
destinations3F
4. L’âme du défunt, avant sa transmigration, souhaite que, durant ces
quarante-neuf jours, ses proches parents puissent lui procurer une félicité dont la
puissance la délivrera de la misère. À la fin de cette période, elle recevra les châtiments
en fonction de ses karmas. Si elle est une pécheresse, quoi qu’elle fasse, durant
des centaines et des milliers d’années, elle ne connaîtra pas le jour de délivrance.
S’il s’agit des Cinq Péchés mortels4F
5, elle tombera dans le Grand Enfer5F
6 pendant
des milliers de kalpa et des myriades de kalpa, pour subir constamment toutes les
souffrances.
À suivre
1 Les six destinations dans le cycle des existences : la voie céleste, la voie humaine, la voie de l’Asura
(l’esprit malfaisant), la voie de l’Animalité, la voie de l’Esprit affamé, la voie de l’Enfer.
2 Démons qui demeurent les uns dans la terre, les autres dans les aires et qui peuvent être méchants et nuire
aux hommes.
3 Les esprits cruels et maléfiques.
4 Les voies de l’Esprit malfaisant, de l’Animalité, de l’Esprit affamé, de l’Enfer.
5 Tuer son père, commettre un matricide, faire couler le sang d’un bouddha, provoquer une scission au
sein de la communauté bouddhique, assassiner un arhat.
6 L’enfer Avichi où les tourments sont insurpassables.