Le maître vénérable qui tient un siège de lotus(2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Le roi des enfers et les spectraux
serviteurs s’avancèrent, saisirent le pratiquant
au lotus et lui firent porter des cangues
aux mains et aux pieds. Son aspect était
extrêmement misérable !
Je dis au roi des enfers :
— Il est mon disciple !
Le roi des enfers répondit :
— Grand miséricordieux saint
vénérable, vous êtes venu recevoir votre
disciple, mais celui-ci n’a pas l’intention
de monter sur le siège de lotus, au contraire
il en est descendu. À cause des gémissements
du douleur et des cris, et ayant entendu
la réclamation d’une dette, son âme ne
peut plus les endurer et son esprit devient
confus, il est donc juste qu’il entre dans
la roue des Six Conditions d’existence.
Je dis à ce pratiquant au lotus :
— Veuillez ne plus rester dans
l’expectative, récitez de tout votre coeur
le mantra du gourou-racine !
Il prononça :
— Om Goulou Lianshen Siddhi
Rom. (Heureusement, il s’en souvenait
encore.)
Le roi des enfers et les spectres
serviteurs disparurent. La claire lumière
du siège de lotus attira et reçut ce pratiquant.
Il entra dans la clarté, s’unit complètement
avec elle et alla renaître à la
Terre pure…
Je dis en toute sincérité à tout le
monde :
— Je n’ose pas affirmer que la
séparation d’avec les vivants et les adieux
aux morts ne soient pas un événement
douloureux. Je ne prétends pas non plus
que je n’ai pas pleuré en voyant mourir
un parent proche. La séparation d’avec
des gens bien vivants m’arrache déjà des
larmes, alors comment serait-il possible
que je ne pleure pas avec les personnes
décédées ?
Cependant, je suis conscient que
pleurer à grands cris ne sert vraiment à
rien. (Le mort est mort, les pleurs ne
peuvent le faire revenir à la vie.)
Contrairement à ce que l’on aurait
cru, je pense que le versement de larmes
est suffisant, il ne faut pas se lamenter
en poussant des cris, il vaut mieux aider
le défunt à se souvenir de son gourouracine,
de sa déité d’élection, de son protecteur
du dharma. Les yeux mouillés de
larmes, on récite le nom du bouddha ou
on psalmodie le mantra en versant quelques
pleurs. On exhorte l’âme du défunt :
Quittez à vive allure les souffrances
du Monde Sahâ ;
Partez en suivant la claire lumière
du gourou, de la déité d’élection et
du protecteur du dharma ;
Partez en suivant le bouddha Amitâbha, le bodhisattva Avalokitésvara, le bodhisattva Mahâsthâmaprâpta ;
Partez en suivant la claire lumière de tous les saints ;
C’est donc la délivrance.
Durant cette période, la personne morte peut remarquer que ses offrandes sont jetées, que ses vêtements préférés sont éliminés, que son logis est vidé, que sa voiture est utilisée par une autre personne. En plus, il est à même de voir ses proches parents et d’entendre leurs sanglots et leurs lamentations douloureuses, et aussi leurs recommandations. Par conséquent, il est beaucoup plus important de laisser le défunt quitter gaiement les souffrances du Monde Sahâ que de se lamenter tristement et de pousser des sanglots.
Si on laisse le défunt devenir mé-content et dépité, si on laisse le défunt devenir découragé ne pouvant pas se résoudre à partir, c’est effectivement in-correct.
Les proches parents doivent néces-sairement l’exhorter :
Pratiquant au lotus, pour la mort, cet événement, tout le monde peut mourir. Ayant la naissance, il y a certainement la mort, il ne faut pas
vous attacher avec ténacité à cette enveloppe charnelle détériorée. Si vous n’y renoncez pas, vous ne pourrez pas non plus rester longtemps ici-bas. Mettez-vous en route en vitesse, partez avec empressement, il ne faut plus penser à ce bas monde, car cela peut générer la transmigration de l’âme dans différentes existences suc-cessives et n’apporte pas le moindre profit. Pensez au Triple Joyau et aux Trois Racines fondamentales ! Faites vite la dédicace :
« Je souhaite que tous les pratiquants bouddhistes naissent sur la Terre de la joie parfaite ; en haut, je revaudrai le bienfait aux quatre sortes de bien-faiteurs ; en bas, je secourrai les êtres de la souffrance des trois mauvaises voies ; en voyant le bouddha, je serai délivré du cycle des existences, je sauverai tout, comme le Bouddha l’a fait. » On se retrouvera au maha Étang au Double Lotus, au Monde de la joie parfaite de l’Ouest.
Voilà le sens principal !
Les sanglots et les lamentations douloureuses ne rendent pas service !
On lui recommande de réciter hâ-tivement le nom du bouddha, de psal-modier le mantra, de penser aux Trois Joyaux !
Fin