La nature lumineuse de bouddha (2)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Le Franchissement de l’océan de vie et de mort
« Le plus grand événement de la vie »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2022, Éditions Darong
Car, chez l’être humain, quand ses Quatre Grands (terre, eau, feu, vent) sont complètement dispersés, sa nature de bouddha qui existe depuis toujours peut être générée. En un bref instant, sa lumière peut se manifester. Et à ce moment, si quelqu’un vous indique de bien reconnaître la lumière de votre nature de bouddha qui est en vous depuis l’origine, vous devez vite le faire, et vous débarrasser d’un coup et complètement de vos Quatre Grands, de vos Six Voleurs, de vos Six Racines[1] et de vos Six Impuretés[2] ; ainsi, votre esprit lumineux, intelligent et prodigieux apparaît sur-le-champ. Cette démarche s’appelle la réalisation de l’état de bouddha dans l’état intermédiaire.
Dans le bouddhisme tantrique, on enseigne spécialement la réalisation de l’état de bouddha dans l’état intermédiaire. On apprend à votre âme, quand vous avez quitté votre corps charnel, à aller immédiatement reconnaître la lumière de votre propre nature de bouddha et réaliser ensuite l’état de bouddha. Cette méthode est appelée la réalisation de l’état de bouddha dans l’état intermédiaire.
Pourquoi la plupart des gens possèdent-ils encore l’avidité, la colère et l’ignorance ? Quelle en est la cause ? L’avidité, la colère et l’ignorance sont particulièrement fortes tant que le corps subsiste, parce que les habitudes et l’ignorance y sont fixées. S’ils ne se cultivent pas dans la pratique de la perfection, vous voyez bien de quoi ils sont en quête. Quand pensent-ils à la nature lumineuse de bouddha qui est enfermée en eux ? Quand pourront-ils s’en souvenir ? En fait, ils n’y pensent ja-mais.
Ils passent leurs jours de manières peu lucides et peu intelligentes. Si vous parlez avec eux de la pratique de la perfection, ils répondent alors que c’est shin king (en langue taiwanaise, « c’est fou ») : « La pratique de la perfection ? Vous vous êtes trompé, non ? Dans quelle époque sommes-nous, vous pratiquez encore la perfection ? »
Quelqu’un a dit : « Vous êtes-vous trompé ou non ? Dans cette époque de fête et d’amusement, vous vous cultivez dans la pratique de la perfection ! »
À ce moment-là, les ignorances accumulées de leurs existences antérieures les font flotter dans la mer de ce monde. Tout à coup, vous vous y enfoncez profon-dément : soudainement, on a augmenté votre rémunération de travail, et vous étiez plein de joie ; à l’improviste, votre supérieur a fait votre éloge, ouah ! et vous étiez plein de joie ! Tout d’un coup, vous êtes monté en grade, et vous étiez plein de joie.
Si votre chef de bureau ne vous prête pas attention, ou qu’il a réduit votre rémunération, ou qu’il vous annonce votre licenciement, vous vous êtes alors enfoncé dans l’abîme des douleurs. Vous allez au travail pour gagner de l’argent, vous nouez
des relations avec vos collègues, vos chefs et vos subordonnés, voilà à quoi votre vie se limite. Après le travail, ce sont les enfants, le mari, l’épouse ; voilà la vie, c’est donc ainsi que les jours s’écoulent.
Si quelqu’un s’affaire à gagner de l’argent, à obtenir une promotion ou une augmentation de salaire, il ne pense jamais à acquérir la nature de bouddha, sa lumière immanente, il n’a jamais en tête cette idée. C’est à cause de l’ignorance qui l’enve-loppe ; alors, il lui faut rencontrer un véritable gourou, lequel l’écartera de son ignorance ; sa lumière immanente pourra alors seulement apparaître. En consé-quence, la délivrance par l’audition dans l’état intermédiaire est une méthode très importante.
Prenons exemple sur ma défunte mère. Quand elle est morte, je lui ai recommandé maintes fois à l’oreille :
— Tu ne peux pas continuer à penser, ne pense à rien. La terre, l’eau, le feu, le vent, les Quatre Grands se décomposent, ce qui reste est ta propre lumière originelle qui va se manifester, tu dois vite reconnaître cette nature de bouddha.
Aussitôt qu’elle l’a reconnue, son intelligence s’est accrue, sa nature de bouddha s’est révélée et sa lumière immanente s’est manifestée.
Tout ira bien si on se délivre de l’enveloppe charnelle. Si vous vous y attachez, si elle vous lie, on peut dire que les ignorances vous retiennent complètement et fermement. Si seulement on peut se libérer du corps, la lumière immanente surgira.
Ce qui est le plus à craindre, c’est que vos ignorances qui existent depuis le non-commencement soient trop lourdes. Bien que votre corps n’ait plus de signes de vie, vous avez encore de l’affection pour lui. Vous ne pouvez donc pas reconnaître votre nature illuminée de bouddha, vous vous dirigerez finalement vers la roue de transmigration des six conditions d’existence, vous vous dépêcherez de trouver un autre corps, et vous serez très pressé de transmigrer. Et voilà, c’est comme ça.
Alors, pourquoi concevez-vous l’avidité, la colère et l’ignorance ? Pourquoi est-ce que vous avez des soupçons et que vous êtes jaloux et altier ? C’est parce que le corps charnel subsiste. Tout ira mieux si aujourd’hui le corps n’existe plus. Après leur mort, les êtres animés étant dans l’ignorance cherchent encore une substance corporelle, ce qui est exactement l’ignorance du non-commencement.
Om Mani Padme Hum.
fin
[1] Les cinq organes des sens et la pensée.
[2] Les sensations et les perceptions provenant de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, du goût, du toucher et de la pensée.