La nature lumineuse de bouddha (1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Le Franchissement de l’océan de vie et de mort
« Le plus grand événement de la vie »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2022, Éditions Darong
Ce texte est extrait de mon livre Parler du cœur avec vous : les propos secrets du trésor-tonnerre, t. III, publié en février 2003.
« La nature lumineuse de bouddha », discours fait par le bouddha vivant Lian-sheng le 11 mai 1999.
Si les facteurs extérieurs diminuent, si on peut surveiller son cœur et le rentrer dans l’Un, rapidement, l’état d’esprit intelligent et sagace peut apparaître. Cet état est la lumière immanente. La pratique de la perfection consiste à cultiver la lumière interne ; une fois la nature de bouddha prouvée, l’intelligence s’accroîtra, la nature de bouddha se montrera, et la lumière inhérente se manifestera.
Le nom religieux du maître officiant est Lian-t’ing. J’ai entendu dire que ce maître officiant est légèrement sourd d’une oreille, et qu’il a l’ouïe bonne dans l’autre oreille.
C’est une chose toute simple quand j’ai choisi ce mot t’ing (l’écoute), car dès que j’ai tracé les lignes sur le papier, le mot t’ing s’est formé. En fait, entendre est de ne pas entendre, c’est-à-dire que vous n’écoutez aucun propos. L’absence d’écoute peut se traduire en ce que l’on se délivre de l’un des Six Voleurs[1] qui sont enfermés en nous. Les Six Voleurs sont comme six malfaiteurs.
Les yeux, les oreilles, le nez, la langue, le corps et la pensée sont les six voleurs. Alors l’écoute qui est l’un d’eux est un mot extraordinaire. Le nom lian-t’ing veut dire que vous, Lian-t’ing, ne prêtez pas attention à quoi que ce soit. Si vous ne vous appliquez pas à entendre, vous pourrez rester inébranlable comme la Réalité absolue. Si vous prêtez attention à n’importe quoi, votre cœur sera troublé. Étant donné que votre cœur est susceptible de se troubler, il vaut mieux ne pas écouter.
Ce mot t’ing est bien choisi, il concorde tout juste à lui. Effectivement, il a prié le maître vénérable de le bénir, en espérant que son oreille puisse entendre. En fait, entendre ou ne pas entendre, cela n’a pas d’importance. (Le maître vénérable se mit à rire.)
Je porte bien rarement mes lunettes en temps ordinaire, mais, dans la nuit, je les mets pour mieux voir les panneaux d’indication. Quand on conduit un véhicule, des signaux sont plantés au bord des routes, et si on ne porte pas de lunettes, on ne voit pas bien les indications inscrites dessus.
Pourquoi je n’aime pas porter mes lunettes ? Parce que je ne veux pas voir trop clairement. Qu’est-ce qu’on fait si on n’a pas bien vu les choses ? On ne les regarde pas. On n’a pas besoin de les regarder. Puisqu’on ne les voit pas, il n’est donc pas nécessaire de les regarder. Tout devient flou, chaque chose a donc une beauté vaporeuse ; c’est très bien comme ça, car on ne voit pas les défauts. (Le maître vénérable sourit.)
Ne pas bien voir est une bonne chose ; ne pas bien entendre aussi. Tout est bon.
C’est bien incorrect de chercher toujours à comprendre toutes les choses. Si vous savez tout, votre cœur sera importuné, vous le jetterez dans le trouble. Le mieux est de ne rien comprendre ; les facteurs extérieurs ayant diminué, vous pouvez évidemment surveiller votre cœur et le conduire dans l’Un, et, rapidement, votre état d’esprit intelligent et sagace pourra se manifester. Cet état est une lumière immanente, qui ne provient pas de l’extérieur.
Si on pratique la perfection, c’est pour cultiver la lumière inhérente, il ne s’agit pas de choses apparentes telles que la réputation, la gloire, la dignité, la richesse, la beauté, la laideur, le parfum, la douceur. Vous ne cultivez pas ces choses superficielles, mais si votre immanence répand réellement de la lumière, tout sera beau et magnifique pour vous.
On a écouté le maître officiant Lian-t’ing qui parlait tout à l’heure de l’igno-rance. Qu’est-ce que l’ignorance ? C’est un thème difficile à expliquer : l’ignorance qui apparaît depuis le non-commencement, l’ignorance qui existe avant le non-commencement. Chacun de nous a accumulé l’ignorance depuis des vies antérieures, depuis de nombreuses vies antérieures, ce n’est pas seulement dans cette vie présente que vous vivez dans l’ignorance, en fait, dès que vous naissez, vous portez déjà sur vous beaucoup d’obstacles provenant de vos karmas, qui sont vos ignorances et qui, étant devenus vos habitudes, se sont pesamment amoncelés comme une montagne.
Alors, la pratique de la perfection n’est pas une chose simple, justement parce que vous ne pouvez pas supprimer d’un coup vos ignorances venant de vos existences antérieures. Étant donné que vous vous en trouvez incapable, votre lumière immanente ne pourra donc pas se manifester. C’est la raison pour laquelle l’homme, après sa mort, a plus de chance de rompre ses ignorances du non-commencement.
Dans le bouddhisme tantrique, on parle de la réalisation de l’état de bouddha dans l’état intermédiaire. Qu’est-ce que la réalisation de l’état de bouddha dans l’état intermédiaire ? Eh bien, vous ressemblez au commun des mortels ! Si vous êtes très idiot, ce serait bien étrange que vous réalisiez, après votre mort, l’état de bouddha. De votre vivant, vous êtes avide et coléreux, et beaucoup d’ignorances se dissimulent en vous ; en considérant que vous vous emplissez d’avidité, de colère et d’ignorance, pourquoi pourriez-vous atteindre après votre mort l’état de bouddha ? C’est parce que vous rencontrez probablement une occasion prédestinée où votre gourou-racine vous portera secours dans votre état intermédiaire. La délivrance par l’audition dans l’état intermédiaire est une méthode redoutablement efficace.
À suivre
[1] Les cinq organes des sens et la pensée ; ils sont les agents du tort que cause à l’homme le contact avec le monde sensible.