Il ne faut pas passer sa vie à ne rien faire
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Pourquoi faut-il apprendre comment faire
face à la mort aux disciples qui ont pris refuge
dans l’école du Vrai Bouddha ?
La vingt et unième stance du vingt-quatrième
chapitre du Dharmapâda (Les Vers du Dharma)
dit :
L’aumône de la Loi est la plus excellente
parmi toutes les donations,
Le goût de la Loi est le plus excellent
parmi tous les goûts,
La joie de la Loi est la plus excellente
parmi toutes les joies,
Le renoncement à l’amour excelle dans
toutes les souffrances.
Tout le monde saisit bien le sens de cette
stance. Ah ! le dharma du bouddha est un joyau
précieux et suprême ! Y a-t-il dans ce monde
quelque chose qui soit plus précieux que le
dharma du bouddha ?
La mort est l’essence ultime la plus directe,
la plus compréhensible, bien vivante.
Je dis que la vie et la mort sont inconstantes,
la mort arrive en toute occasion, il ne faut pas
dire qu’on apprend la Voie dans la vieillesse,
car ceux qui se trouvent dans les tombes solitaires
sont tous des jeunes gens.
Tout à coup, un avion s’écrase, c’est l’image
réelle et bien vivante de la mort.
Tout à coup, deux voitures se heurtent,
c’est l’image réelle et bien vivante de la mort.
Tout à coup, dans un incendie, des gens
n’arrivent pas à se sauver, c’est l’image réelle et
bien vivante de la mort.
Tout à coup, un terroriste fait exploser
une bombe, c’est l’image réelle et bien vivante
de la mort.
Tout à coup, un navire fait naufrage,
c’est l’image réelle et bien vivante de la mort.
Tout à coup, un séisme a lieu, c’est
l’image réelle et bien vivante de la mort.
Tout à coup, une tornade se manifeste,
c’est l’image réelle et bien vivante de la mort.
Je dis à tout le monde que la condamnation
à mort, le massacre, le carnage, la disparition dans
les flammes, la noyade, la morsure d’un animal,
la chute dans un précipice, l’empoisonnement,
la tuerie… tout cela est l’image réelle et bien
vivante de la mort.
En outre, évidemment, ce ne sont pas
toujours des personnes âgées qui sont transportées
sur un brancard dans les grands hôpitaux, les
jeunes gens y sont aussi très nombreux, ainsi
que les bébés, soit qu’une maladie grave leur ait
emporté la vie, soit qu’ils aient attrapé un cancer,
soit qu’ils aient une leucémie, soit qu’ils aient
subi une mort cérébrale, soit que des larves
rongent leur corps.
Quatre-vingt-quatre mille maladies : que
c’est terrible de mourir de maladie !
Il existe d’ailleurs un malheur encore
plus terrifiant, c’est la guerre faite par le genre
humain et dans laquelle les gens se massacrent
les uns les autres.
Quant à l’arrivée inopinée de la mort, ce
n’est pas une chose impossible, mais probable.
À cet instant, dès l’entrée dans l’état intermédiaire
de la mort, que deviendra votre âme ? Avezvous
le pouvoir de contrôle sur vous-même ?
En cas de mort subite, est-ce que vous pouvez
vous épargner la peur ?
Vous estimez que la vie est indépendante,
libre et en mesure d’exister éternellement, et
aussi que l’existence dans le monde est un droit
de l’homme. Cependant, le savez-vous, la vie
peut s’éclipser n’importe quand, la mort peut
survenir d’un moment à l’autre, et tout le
monde en éprouve un sentiment d’angoisse, de
tristesse ou de peur.
Dans le passé, j’ai souvent appris à
mes disciples à savoir estimer la préciosité du
temps, à s’exercer quotidiennement dans la
pratique de la perfection et à penser trois fois
par jour aux Trois Racines fondamentales : le
gourou-racine, la déité d’élection, le protecteur
personnel du dharma.
Pourquoi les pratiquants du bouddhisme
tantrique pratiquent-ils par nécessité la méthode
du protecteur dharmique ?
Soyons-en persuadés, le protecteur du
dharma défend et soutient les pratiquants tantriques,
et la mise en pratique de la méthode du protecteur
dharmique permet de s’écarter de beaucoup de
peines et d’ennuis ; voici quelques exemples :
– le sortilège malfaisant du méchant
sorcier ;
– l’envoûtement ;
– les catastrophes ;
– l’arrivée des malheurs imprévus ;
– l’influence des spectres et des génies
malfaisants ;
– l’absorption de l’énergie vitale par
les êtres non humains ;
– les lieux maléfiques, etc.
Toutefois, l’impermanence de la vie et
de la mort est aussi quelque chose de très fort.
Si vous ne pratiquez pas la perfection une fois
par jour, si vous ne pensez pas à votre gourouracine,
si vous ne visualisez pas votre déité
d’élection au-dessus de votre tête, dès que votre
corps charnel est négligé, que votre amour sentimental
est lâché et qu’un doute se forme en
vous, les Trois Racines fondamentales ne pourront
alors rester constamment avec vous, et la
lumière de votre nature propre d’origine inextinguible
s’éteindra. Eh bien, l’impermanence de la
vie et de la mort arrive ainsi en un instant et, en
tant que pratiquant droit du bouddhisme tantrique,
vous deviendrez alors une proie pour les
spectres démoniaques de l’inconstance.
Personnellement, j’ai bien constaté que les
Trois Racines fondamentales du bouddhisme
tantrique sont fort importantes. Le gourou-racine
est celui qui conserve universellement le dharma,
la déité d’élection est la nature propre du pratiquant
lui-même, et le protecteur du dharma est un
esprit divin qui protège et surveille en ce bas
monde le pratiquant ; aucune de ces Trois Racines
fondamentales ne peut être exemptée. Si
vous avez une correspondance (la réalisation
réussie du yogisme) dans votre pratique de la
perfection, votre crainte de la mort disparaîtra
comme se dissipe le brouillard au moment où le
soleil se lève, elle s’éclipsera de façon naturelle,
sans laisser de traces.
Je dis souvent ceci :
Quand on monte en avion, on prie la
déité d’élection de s’installer sur sa
tête. (En fait, dans n’importe quelle
situation où l’on se trouve, l’installation
de la déité d’élection sur sa tête
est une chose très importante.)
Un jour, l’impermanence arrive, votre
déité d’élection vous attire vers le
ciel ; la déité d’élection de votre nature
propre (vous-même) et la déité
de la sagesse (le bouddha) s’unissent,
et cela permet que vous parveniez
directement à la Terre pure.
Le sens et la valeur de mon enseignement
de ce que la déité d’élection s’installe sur sa tête
se trouvent justement à cet endroit. On peut dire
que l’âme dans l’état intermédiaire se transforme
directement tout en réalisant l’état de bouddha. C’est
une sorte de connaissance et de compréhension
correctes que l’on peut saisir et que l’on doit
percevoir.
Acquérir une correspondance avec la
déité d’élection qui s’installe sur la tête est la
chose la plus importante.