■Le bouddha vivant Lian-sheng Sheng-yen Lu
■Journal des voyages spirituels
~Un autre genre de manifestation du prodige~
■Traduit du chinois par Sandrine Fang
■Copyright © Sheng-yen Lu ©2011, Éditions Darong
4. Li Yuan, l'empereur Kao Tsu⑨ de la dynastie T'ang⑩, décréta que les moines bouddhistes et les bonzesses seraient éliminés.
5. Confucius avait dit : « Respecter les génies et les spectres, mais s'en tenir à distance. »
6. Han Yü conseilla à Li Chun de jeter dans l'eau et dans le feu les reliques d'ossements du Bouddha pour les faire disparaître, dissiper les doutes du monde entier et interrompre définitivement l'infortune des générations à venir.
En ce qui concerne les points mentionnés ci-dessus, mon commentaire est le suivant :
1. La religion bouddhique n'existait pas en Chine avant la dynastie des Han postérieurs. (Ce point n'a pas besoin d'éclaircissement.)
2. Avant l'apparition du bouddhisme en Chine, quelle était la nature des souverains, de Huang Ti jusqu'à Mu Wang de la dynastie Chou… ? Comment le genre humain pourrait-il la connaître ? En fait, ces empereurs étaient mi-hommes, mi-dieux.
D'après mes connaissances, les grands souverains, les Trois Officiers⑪, qui s'occupent des Trois Principes⑫ et des Trois Grades⑬, sont précisément T'ang Yao, Yü Shun et Ta Yü. Quant aux autres empereurs, on n'a pas besoin d'en parler. La durée de leur vie était longue, et ils étaient tous au pouvoir pendant longtemps ; évidemment, il y a des raisons propres pour cela.
Lorsque les peuples étaient gouvernés par des grands esprits divins, il était naturel que tout fût en paix. De plus, dans les temps très reculés, le coeur de l'homme était calme et pur, les anciens avaient très peu de désir, et la paix régnait sous le ciel.
3. Les empereurs suivants convoitaient davantage les plaisir, en se comportant de manière de plus en plus inconsidérée, de sorte que, sous leur règne, le chaos des guerres s'ensuivait. Selon l'expression, « les hommes ne sont plus comme jadis », car il ne purifient plus leur coeur et ne réduisent pas leurs passions. Par conséquent, tous ces empereurs ne restaient pas longtemps au pouvoir, et leur durée de vie était très courte.
Ils étaient tous d'extraction ordinaire, appartenant au commun des mortels ; ils n'étaient en rien de grands souverains mi-hommes, mi-dieux.
Hélas ! inévitablement, ils faisaient subir des malheurs au peuples !
(Quant à la mort par inanition de Liang Wu Ti, le maître de contemplation Zhi-gong a expliqué jadis la causalité de cet empereur. Je ne la répète donc pas ici.)
4. Li Yuan, l'empereur Kao Tsu de la dynastie T'ang, n'était pas la seule personne qui voulût éliminer les moines bouddhistes et les bonzesses. Dans l'histoire de la Chine, la religion bouddhique avait déjà rencontré les calamités du dharma appelées les « trois Wu et un Tsung⑭ ». Il suffisait que les empereurs embrassent une religion quelconque ou en fassent grand cas pour que la religion bouddhique subisse des attaques ou une répression, que les monastères bouddhistes soient détruits et que les bonzes et les bonzesses soient dissipés. L'infortune du dharma était considérable.
Je repris :
— Depuis que le bouddhisme a été détruit et a disparu en Inde, que devient ce pays ? Il est toujours dans le même état, ni riche ni paisible.
» Le bouddhisme a été détruit et a disparu en Afghanistan ; un monument historique de la haute Antiquité, la plus grande des statues du Bouddha, y a même été bombardé. Alors, que devient ce pays ? Il est encore si confus, si obscur !
5. Confucius avait dit : « Respecter les génies et les spectres, mais s'en tenir à distance ». Han Yü n'avait pas utilisé la bonne allégorie. Tout d'abord, les ossements du Bouddha n'étaient pas ceux de génie ni de spectre, le bouddhisme et le Bouddha ne sont ni des génies ni des spectres, ils sont bien différents ; la croyance bouddhique se distingue de la superstition, par celle-ci, on croit aux génies et aux mânes des défunts. Le Bouddha est un être éveillé, autrement dit, un grand saint qui s'est illuminé lui-même et qui illumine autrui, et sa réalisation de l'Illumination est parfaitement accomplie.
- à suivre -
⑨ 618-626 après J.-C.
⑩ 618-907 après J.-C.
⑪ Les trois agents du ciel, de la terre et de l'eau.
⑫ Le ciel, la terre, l'eau.
⑬ Le premier grade, le deuxième grade et le troisième grade.
⑭ Les trois Wu sont : trois empereurs Wu, persécuteurs du bouddhisme : T'ai-wu Ti, (423-452 après J.-C.), Wu Ti (561-578) et Wu Tsung (840-846) ; un Tsung : l'empereur Shih Tsung (954-959).