La manifestation des dix grands rois du séjour des morts(1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Quand j’ai voyagé en Corée, j’ai visité plusieurs temples bouddhiques et j’ai
enfin compris que les bouddhistes coréens ont beaucoup de vénération pour les dix
grands rois du séjour des morts. Il existe dans tous leurs temples un palais des rois
de l’enfer dans lequel sont installés les dix grands rois du séjour des morts :
– le grand roi Ch’in-kuang ;
– le grand roi Ch’u-chiang ;
– le grand roi Sung-ti ;
– le grand roi Wu-kuan ;
– le grand roi Sen-lo ;
– le grand roi Pien-ch’eng ;
– le grand roi T’ai-shan ;
– le grand roi Tu-shih ;
– le grand roi Ping-teng ;
– le grand roi Chuan-lun.
Il n’est pas évident que les gens reconnaissent les dix grands rois du séjour
des morts s’ils se montrent à leurs yeux, car leurs aspects corporels sont vraiment
abondants et variés. Certains d’entre eux sont d’une taille gigantesque qui emplit
complètement l’espace, certains sont grands comme le mont Sumeru. Le plus petit
est dix-huit fois plus grand qu’un homme. Leurs figures farouches occupent le monde
entier. Leurs dents proéminentes d’animaux sont exposées, leurs sourcils dressés et
leurs yeux coléreux, leur bouche fait sans arrêt « Hè ! Hè ! » Certains arrachent la
tête des âmes pécheresses et la jettent n’importe où, certains creusent le coeur de
ces dernières, certains sucent leur cervelle ou boivent leur sang.
À ce moment-là, l’âme du défunt éprouve certainement un grand effroi. Veuillez
ne pas croire que c’est un pur racontar pour effrayer le monde. Veuillez lire le huitième
chapitre du Sûtra du voeu primordial du bodhisattva Ksitigarbha intitulé « Le roi
Yama et tous les rois des enfers s’exclamèrent d’admiration » :
À ce moment-là, le roi Yama et d’innombrables rois spectres, qui séjournaient
à l’intérieur de la montagne de Fer qui contourne la mer Salée, se rendirent
ensemble à Trâyastrimsha0F
1, à l’endroit où se trouvait le Bouddha. Il y avait le
roi spectre du vice et du venin, le roi spectre de toutes les méchancetés, le roi
spectre des grandes remontrances, le roi spectre du tigre blanc, le roi spectre
du tigre sanguin, le roi spectre du tigre vermeil, le roi spectre de la dispersion du
malheur, le roi spectre au corps volant, le roi spectre à la lumière de l’éclair, le
soi spectre aux dents de loup, le roi spectre aux mille yeux, le roi spectre qui dévore les animaux sauvages, le roi spectre portant une pierre attachée sur le dos, le roi spectre qui décide l’épuisement, le roi spectre qui décide l’infortune, le roi spectre qui décide l’alimentation, le roi spectre qui décide la richesse, le roi spectre qui contrôle les animaux domestiques, le roi spectre qui contrôle les oiseaux, le roi spectre qui contrôle les animaux sauvages, le roi spectre qui décide l’ensorcellement, le roi spectre qui décide l’accouchement, le roi spectre qui décide la vie, le roi spectre qui décide la maladie, le roi spectre qui décide le danger, le roi spectre à trois yeux, le roi spectre à quatre yeux, le roi spectre à cinq yeux, le roi Chislis, le grand roi Chislis, le roi Chiliksa, le grand roi Chiliksa, le roi Anato, le grand roi Anato. Tous les grands rois spectres accompagnés chacun de centaines de milliers de petits rois spectres…
Ce sont les innombrables rois spectres consignés dans le Sûtra du voeu primor-dial du bodhisattva Ksitigarbha.
Il ne faut pas penser que l’écrit de ce sûtra ne peut être qu’une exhortation au monde, ni croire que les événements mentionnés là-dedans n’ont pas réellement eu lieu, ni que les enfers n’existent pas et sont un pur néant.
Je dis pourtant :
— Ce sûtra est enseigné par le Bouddha, comment serait-il possible qu’il soit faux ?
Dans l’occasion où l’âme se trouve dans l’état intermédiaire, il lui est toujours possible de rencontrer les dix grands rois des enfers, les grands et les petits rois spectres, les innombrables rois spectres.
D’après le bouddhisme tantrique du Tibet, dans l’état intermédiaire :
– tous les génies de l’unité de la Joie peuvent se manifester ;
– tous les génies de l’unité de la Colère peuvent se manifester.
(Cette situation a des traits communs avec la description du Sûtra du voeu primordial du bodhisattva Ksitigarbha en ce qui concerne les dix grands rois des enfers et les innombrables rois spectres.)
Cependant, les figures représentées dans le tantrisme tibétain sont beaucoup plus terrifiantes, par exemple : certains génies ont trois têtes, six bras et quatre pieds, le visage droit de couleur blanche, celui de gauche rouge, celui du centre brun foncé, et leur corps entier est lumineux et enflammé. Leurs neuf yeux s’ouvrent en grand, s’écarquillent et regardent fixement, leurs sourcils ressemblent à l’éclair, leurs dents proéminentes d’animaux sont lugubrement blanches, et leur bouche rugit de colère en prononçant « Ah. La. Ra. » (Transcription phonétique.)
À suivre