Les endroits idéaux pour les âmes qui sont entrées dans l’état intermédiaire(1)
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
Avec mon oeil céleste, j’ai observé les mânes qui sont entrés dans l’état intermédiaire. En raison du souffle de vent karmique, la plupart d’entre eux se trouvent dans l’état d’errance, tout comme une plume soulevée par le vent, un cheval sauvage au galop ou un enfant qui a perdu sa maman : ils fuient de tous côtés. À cause de leur coeur incon-trôlable, certains mânes qui sont dans l’état intermédiaire ressemblent à des vagabonds qui errent çà et là, solitairement, d’un air fort pitoyable !
Une âme qui se trouvait dans l’état intermédiaire soliloqua :
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Où est-ce que je suis, au fond ? Pourquoi la vie est-elle devenue ainsi ? Il n’y a ni journée ni soirée, du matin au soir il fait toujours gris, quel est cet endroit alors ?
Quand l’âme qui est entrée dans l’état intermédiaire voit que le cadavre allongé dans un hôpital est son corps, elle découvre avec surprise : « Ah ! je suis déjà mort ! »
Elle se lamente, s’attriste, s’afflige, éprouve une douleur.
Ce que cherchent en premier lieu les mânes, c’est :
– leur propre logement ;
– leurs parents proches ;
– l’entreprise où ils travaillaient de leur vivant ;
– les objets qu’ils aimaient passionnément.
Cependant, la personne morte peut remarquer qu’elle n’est vue ou entendue par personne. Sa maison, son entreprise, ses objets préférés, rien ne lui appartient dorénavant, sa situation est devenue sans gîte. Elle peut également constater que son âme qui est dans l’état intermédiaire, pas son corps matériel et grossier, possède une sorte de pouvoir : elle est susceptible de franchir tous les obstacles et de se promener à son gré, elle est contre toute attente capable de « voyager en esprit ». Elle peut traverser les rochers, la terre, les immeubles, même les montagnes et les grands fleuves sans la moindre diffi-culté ; à part les sanctuaires, elle peut aller tout droit, aucun obstacle ne peut l’empêcher de passer.
On a à peine réfléchi qu’on y est déjà arrivé.
On l’a atteint le temps d’une pensée.
On peut voir les autres mânes qui se trouvent dans l’état intermédiaire.
On peut voir les âmes congénères.
Je dis souvent :
— Qui se ressemble s’assemble.
Si l’âme qui est entrée dans l’état intermédiaire possède l’oeil céleste et assaini, elle peut aussi apercevoir le monde et les déités célestes. Cependant, la plupart des mânes étaient troublés dans l’état intermédiaire, ils ne peuvent que se grouper dans le Monde Sahâ ou dans un endroit plus misérable.
Certains mânes s’attachent passionnément à leur cadavre et deviennent des spectres surveillants de cadavre.
Certains mânes s’attachent passionnément à leur tombe et deviennent des spectres surveillants de tombe.
Certains mânes s’attachent passionnément à leur logement et deviennent des spectres surveillants de maison.
Certains mânes s’attachent passionnément à leur épouse et deviennent des spectres surveillants d’épouse.
Certains mânes s’attachent passionnément à leurs biens et deviennent des spectres surveillants d’argent.
Certains mânes s’attachent passionnément à leurs enfants et deviennent des spectres surveillants d’enfants.
(C’est la rechute des mânes qui sont entrés dans l’état intermédiaire.)
J’ai même remarqué que certains mânes s’attachent au corps de leur petit(e) ami(e), certains autres à celui de leur ennemi ou à celui de leur idole, cette situation est la « prise de possession du corps ». C’est « être possédé par un démon », comme dit l’homme du commun.
(Voilà des spectres de possession.)
Il existe des mânes qui convoitent le sommeil. Puisqu’ils dorment toujours, ils deviennent alors des spectres en besoin de sommeil. Il y a en plus des spectres qui vivent dans les steppes ou au milieu des arbres, des spectres qui vivent dans l’eau ou qui boivent du sang, des spectres qui marchent d’un pas pressé, des spectres avides d’encens, des spectres qui séjournent dans les mers ou qui cherchent la lasciveté, des spectres qui ne mangent que de la viande ou qui font des rêves, des spectres qui possèdent des pouvoirs surnaturels, des spectres de l’impureté, des spectres qui s’emparent de l’énergie vitale de l’homme, des spectres alcooliques, des spectres qui aiment jouer de l’argent…
(Que c’est malheureux d’avoir ces mânes !)
Je suis d’avis qu’il existe des endroits appropriés aux âmes qui sont entrées dans l’état intermédiaire :
1. L’endroit où se trouve le gourou-racine ;
2. Les monastères, les temples bouddhiques ;
3. Les succursales et les salles de pratique collective ;
4. Les stupas.
Je dis en toute sincérité à tout le monde : étant donné que votre âme est entrée dans l’état intermédiaire, si vous pensez à cet instant au gourou-racine, votre esprit pourra évidemment voyager jusqu’à l’endroit où il se trouve. Dès qu’il vous aura rencontré, il vous enseignera certainement les méthodes pour accéder à la voie de la délivrance et à la voie de la bodhi. En raison de vos pratiques effectuées de votre vivant, vous les comprendrez aussitôt que vous aurez entendu le gourou-racine. Vous savez au moins réciter le nom du bouddha ou le mantra, vous serez immédiatement reçus et conduits par les bouddhas et les bodhisattvas à la Terre pure, dans le royaume du bouddha.
À suivre