La récitation du nom du bouddha
et la psalmodie du mantra ( 2 )
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Discours abstrus sur la délivrance « Pointer du doigt la Lune »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2017, Éditions Darong
On sait que les mantras sont des langages secrets des bouddhas et des bodhisattvas, on les appelle
aussi les « paroles avérées », les dhâranî. Chacune d’elles est un propos subtil et merveilleux du
Tathâgata. Tous les arcanes du Tathâgata nous permettent de saisir par nous-mêmes la sainte sagesse.
Voilà pourquoi Tsongkhapa disait :
La récitation du nom du bouddha est de prononcer le nom honorifique du bouddha.
La récitation du mantra est d’articuler la parole du coeur du bouddha.
Si l’on procure un effet de correspondance yogique dans la récitation du mantra, les obstacles
provenant du karma seront supprimés, la sagesse s’accroîtra et on se transformera d’un individu
ordinaire en un être saint. Puisque son puissant pouvoir prodigieux obtenu par la vertu est
inimaginable, on l’appelle alors la parole avérée « ésotérique ».
Pour parler de la récitation du nom du bouddha et de celle du mantra, personnellement, je
suis d’avis que toutes les deux sont bonnes et qu’il n’y a vraiment pas de distinction de supériorité et
d’infériorité entre elles.
Autrefois le grand maître Lien-ch’ih préconisait ceci :
Réciter particulièrement le nom honorifique du bouddha Amitâbha excelle d’ailleurs à
tous les autres mérites.
Si l’on récite une fois de tout son coeur le nom du bouddha, les péchés graves de vie et
de mort commis pendant un milliard de kalpa seront supprimés.
Le nom honorifique du bouddha que l’on récite est précisément un mantra au grand prodige,
un mantra à la grande lumière, un mantra suprême, un mantra inégalable.
Le réciter dix fois permet d’obtenir une renaissance à la Terre pure et, après cela, de
parvenir à l’état du non-recul. Cette récitation est puissante, prodigieuse et insondable,
elle est donc un mantra au grand prodige.
La récitation faite avec un coeur imperturbable permet de couper l’ignorance et de voir
la nature propre, elle est donc un mantra à la grande lumière.
La récitation permet de renaître dans le Monde de la joie parfaite et d’atteindre définitivement
l’état de bouddha, elle est donc un mantra suprême.
La récitation approuve la non-naissance de l’endurance et le retour au Monde Sahâ pour
secourir universellement les êtres vivants, elle est donc un mantra inégalable.
Parce que le grand maître Lien-ch’ih disait que « le nom honorifique du bouddha que l’on
récite est précisément un mantra au grand prodige, un mantra à la grande lumière, un mantra
suprême, un mantra inégalable », la récitation du nom du bouddha est donc la récitation du
mantra.
Je pousse des exclamations de louange !
J’ai pratiqué les paroles avérées ésotériques. Je donne ici les diverses significations du mantra
:
1. Le coeur du Tathâgata ;
2. Les yeux du Tathâgata ;
3. Tous les dharma non souillés ;
4. La transformation prodigieuse et la bénédiction ;
5. L’absence de naissance et l’absence d’extinction ;
6. Le trésor de fleurs de lotus ;
7. La signification de diamant ;
8. La sagesse authentique ;
9. La quiétude suprême de la nature ;
10. La Terre imminente et le corps immédiat ;
11. L’absence de discrimination et l’absence d’apparence ;
12. La permanence du dharma ;
13. La nature d’éveil originelle ;
14. La non-souillure et le pouvoir d’intercepter ;
15. L’atteinte de l’état du bouddha.
J’ai dit que le mantra est un trésor infini. Les quinze points mentionnés ci-dessus sont déjà incroyables, bien difficiles à imaginer. Il se répand partout dans le monde du dharma, il est omniprésent et sa transformation utilitaire est inépuisable. Le mantra est la constante réjouissance dans la purification de soi-même (la permanence, la joie, le soi, la pureté) ; c’est le vide.
Dans le Monde des dix directions, nombreuses comme les poussières subtiles, les dix mille actions de la grande compassion qui est la voie de la prajñâ ressemblent au trésor de fleurs de lotus. Les Trois Véhicules0F1, les Six Voies et les corps de Manifestation infinis, comme la relation entre la racine, la tige, les branches et les feuilles, se déploient alternativement. Quand les mérites acquis par les bonnes actions sont achevés parfaitement, complètement et secrètement, cela s’appelle le mandala, le dhâranî, et c’est la religion ésotérique.
Je dis ainsi :
Il suffit que ce soit un mantra secret de la lignée transmis par Sa Sainteté le gourou-racine, et si vous en avez reçu une onction et que vous établissez une correspondance sonique avec son esprit, on dit que ce sera le yoga. La récitation du mantra procurera bien évidemment une communication mutuelle.
En effet, la voix renferme une force suprême et la récitation du mantra produit donc un pouvoir, lequel est justement la fréquence des vibrations.
Vu que les mantras ésotériques possèdent un pouvoir suprême, les maîtres de diamant des générations passées jusqu’à aujourd’hui ont établi un règlement de transmission du dharma pour pouvoir protéger et transmettre les paroles avérées, les mantras tantriques, afin que les personnes d’une basse intelligence ou sans scrupule ne les obtiennent pas et n’en profitent pas. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les mantras tantriques de la lignée ne sont pas transmis à la légère, en devenant des formules ésotériques.
On apprend aux âmes des défunts qui sont entrées dans l’état intermédiaire à réciter le nom du bouddha : elles psalmodient le nom honorifique d’un bouddha, celui qu’elles récitaient souvent de leur vivant. C’est pour les réveiller.
On apprend aux âmes des défunts qui sont entrées dans l’état intermédiaire à réciter le mantra : elles psalmodient le mantra, celui qu’elles récitaient souvent de leur vivant. C’est pour qu’elles se rappellent le mantra de leur transmission de lignée.
Dès que le mantra sera prononcé, elles obtiendront certainement une correspondance : en profitant de ce mantra, elles s’élèveront et s’uniront à la claire lumière.
fin
1 Le Grand Véhicule : Mahayâna. Le Petit Véhicule : Hinayâna. Le Véhicule de diamant : Vajrayâna.