La différence des phénomènes dans l’état intermédiaire ( 1 )
■ Le bouddha vivant Lian-sheng, Sheng-yen Lu
■ Le Franchissement de l’océan de vie et de mort
« Le plus grand événement de la vie »
■ Traduit du chinois par Sandrine Fang
■ Copyright © Sheng-yen Lu ©2022, Éditions Darong
Quelqu’un me posa cette question :
— Quand l’âme est entrée dans l’état intermédiaire, elle peut apercevoir toutes les apparitions. Serait-ce comme dans l’enseignement du bouddhisme tantrique, celui de l’école Nygmapa : du premier au septième jour, ce sont les déités de l’unité de Joie et de Bien-être qui se montrent, et du huitième au quatorzième jour, ce sont les déités de l’unité de Colère qui se manifestent ? Il y a en plus les sanctions, les états phénoménaux de correspondance qui apparaissent pendant quarante-neuf jours après que l’âme est entrée dans l’état intermédiaire. Les perceptions ressenties par les êtres vivants sont-elles identiques ?
Je répondis :
— Dans le bouddhisme tantrique, il y a la méthode de la délivrance par l’audition dans l’état intermédiaire. D’après Padmasambhava, chez la plupart des croyants, les états phénoménaux apparus dans l’état intermédiaire sont des images réfléchies de leur conscience. On peut dire que ce sont des phénomènes prouvés par l’école Nygmapa. D’après ma connaissance, les états phénoménaux seraient différents les uns des autres, et chaque individu a les siens !
— Pourquoi la situation est-elle ainsi ? demanda-t-il d’un air incertain.
Je dis :
— Est-ce que vous faites des rêves ?
— J’ai fait des rêves.
— Sont-ils identiques ?
— Ils sont différents les uns des autres. J’exprimai :
— C’est ça, c’est ça. Les états phénoménaux qui apparaissent dans l’état intermédiaire sont beaucoup plus nombreux et plus extraordinaires que les sensations que les êtres vivants ont éprouvées dans leurs rêves. On peut dire que tout peut y apparaître.
Cet individu demanda à nouveau :
— Quelle est la raison ? Je répondis :
— Le cœur de l’homme ressemble à une âme qui se trouve dans l’état intermédiaire ; il change d’un instant sur l’autre. Selon la graine que vous sèmerez, vous en recevrez le même fruit ! Voilà la raison. Les disciples de Padmasambhava pouvaient voir la manifestation des déités de l’unité de Joie et de Bien-être et de l’unité de Colère. Pour les chrétiens, musulmans, brahmanistes et taoïstes, il est évident que les états intermédiaires où se trouvent leurs âmes sont différents.
Cette personne-là interrogea :
— Si c’était un adepte du matérialisme, quelles images percevra-t-il ?
Je répondis :
— Le vide.
— Qu’est-ce que le vide ?
— Il n’y a aucune image. Il tombe passivement dans le vide, mais en suivant tout de même ses propres karmas négatifs, comme s’il s’enfonçait dans les eaux d’un torrent impétueux, et il entre dans la roue des Six Conditions d’existence. Aucun secours ne peut lui être porté, ce qui est la misère des adeptes du matéria-lisme !
— Le matérialisme, n’est-ce pas ? Je repartis :
— Les états des rêves qu’il a faits en temps habituel sont précisément les états phénoménaux de son âme dans l’état intermédiaire. Étant donné que la matière domine sur sa conscience, il n’a donc aucun facteur conditionnant sa délivrance.
— Les adeptes du matérialisme n’auront-ils pas de sentences rendues ? Ne verront-ils pas l’apparition des enfers ?
J’éclatai de rire et dis :
— La transmigration dans les six conditions d’existence est purement une sanction karmique, cela ne regarde ni le matérialisme ni le spiritualisme.
Il continua :
— Les adeptes du matérialisme n’ont pas l’idée de la sanction causale, serait-ce l’absence des sanctions de causalité ?
Je répondis :
— Il s’agit ici de la semence. La semence bouddhique est, disent les con-temporains, que selon la graine que vous sèmerez, vous en recevrez le même fruit, selon le genre de graine que vous sèmerez, vous en goûterez un fruit de même nature !
Le Sûtra du vœu primordial du bodhisattva Ksitigarbha consigne ceci :
À cet instant, le bodhisattva Ksitigarbha dit à la sainte mère[1] : « Dans Jambudvîpa, les châtiments pour les péchés sont ainsi : si quelqu’un n’a pas de piété filiale envers ses parents, leur nuit ou même les tue, il tombera absolument dans l’enfer Avici, pendant des milliers de myriades de millions de kalpa, sans jamais connaître le jour de délivrance.
À suivre
[1] C’est la dame Mâyâ, la mère du bouddha Sâkyamuni.