Nagarjuna est un bon gars
■Le bouddha vivant Lian-sheng Sheng-yen Lu
■Book 200 - L'Eveil parfait et universel
Une tranche et encore une tranche d'Illumination
—L'esprit intelligent de la vie—
■Traduit du chinois par Sandrine Fang
■Copyright c Sheng-yen Lu c2013, Editions Darong
Si je dis que le bodhisattva Nâgârjuna est un bon gars, ce n’est pas pour le déprécier, mais pour l’exalter.
Si je l’appelle un « bon gars », c’est effectivement la louange la plus affectueuse, la plus appropriée, la plus convenable.
Si le bodhisattva Nâgârjuna me rencontre, il pourra aussi me bafouer : « Sheng-yen Lu, vous, le gars idiot ».
À ces propos, je mourrais certainement de joie !
Par exemple :
Quand des amis âgés de quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans se rencontrent, ils se saluent fort !
— Mon vieux Huang, vous n’êtes pas mort !
— Hélas ! Mon vieux Lin, vous n’êtes pas mort non plus !
Les deux vieillards se saluent de cette manière à leur rencontre.
Ils éprouvent l’un l’autre de la joie à se revoir.
J’appelle le bodhisattva Nâgârjuna un bon gars, et il m’appelle le gars idiot, ce sont des paroles élogieuses.
Nous sommes très cordiaux.
Sept cents ans après le nirvâna du Bouddha, le bodhisattva Nâgârjuna est né dans le sud de l’Inde.
Le bodhisattva Nâgârjuna était le disciple de Kapimala, celui-ci était le disciple du bodhisattva Asvaghosa. Il était aussi le maître du bodhisattva Kânadeva.
Le bodhisattva Nâgârjuna entra dans le Palais du Dragon pour consulter le Sûtra Avatamsaka (« Sûtra de la guirlande de fleurs »). Il ouvrit la Tour de fer, puis propagea le bouddhisme tantrique. Il était dans le bouddhisme exotérique et tantrique le patriarche fondateur des Huit Écoles1.
Dans sa vie antérieure, le bodhisattva Nâgârjuna était l’incarnation de Tathâgata du nuage merveilleux et de l’aisance.
Dans sa vie antérieure, le bodhisattva Kapimala était le bouddha de la clarté de soleil, de lune et d’étoile.
Et moi, le vieux Lu, je suis le bouddha de la lumière de lotus et de l’aisance.
Le bodhisattva Nâgârjuna avait passé dans le Palais du Dragon quatre-vingt-dix jours à lire des livres canoniques dont le nombre était dix fois plus grand que ceux qu’il avait lus dans le Jambudvîpa2.
La Vérité du Milieu de Nâgârjuna et le rien-que-conscience de Maitreya sont les deux théories principales du Grand Véhicule du bouddhisme.
La Vérité du Milieu, c’est qu’il y a le vrai authentique dans le faux et que le vide est comme une illusion.
Le rien-que-conscience, c’est que l’extérieur n’existe pas, que l’intérieur existe, et que tout n’est conditionné que par la conscience.
J’admire la Vérité du Milieu du bodhisattva Nâgârjuna. Il avait écrit les ouvrages suivants :
– Mûlamadhyamaka-kârikâ (« Traité du Milieu ») ;
– Dvâdashanikâya-shâstra (« Traité des douze voies d’accès ») ;
– Mahâprajñâpâramitâ-shâstra (« Traité de la grande vertu de sagesse ») ;
Etc., etc., etc.
Nâgârjuna estimait que, pour prouver et obtenir l’Éveil, il faut nier à maintes reprises. Nier, nier et nier encore, à la fin de négation, quand on atteint la limite extrême, l’Éveil est donc prouvé et obtenu.
Le livre Mahâprajñâpâramitâ-shâstra est le commentaire des six cents volumes du Grand Sûtra de la perfection de la sagesse.
Le Mahâprajñâpâramitâ-shâstra est vraiment remarquable. Pour l’Illumination du genre humain, le bodhisattva Nâgârjuna se servait de la pensée de la Vérité du Milieu pour que le commun des mortels puisse comprendre ce qu’est l’Éveil. Donc, la Vérité du Milieu est un moyen d’enseigner aux gens.
J’adresse des louanges au bodhisattva Nâgârjuna en disant qu’il est un bon gars, car il a laissé au genre humain une marche à suivre pour atteindre directement « l’Éveil ».
Quelqu’un me demanda :
— Sheng-yen Lu, pour votre Éveil et votre témoignage de la Voie, ce que vous avez utilisé, est-ce la Vérité du Milieu ou le rien-que-conscience ?
Je répondis :
— Je n’ai pas utilisé les yeux, ni les oreilles, ni la bouche. Quant à la Vérité du Milieu et au rien-que-conscience, je ne les connais pas.
— Alors, qu’est-ce que le bouddha ?
Je répondis :
— Saisir l’air avec la main.
Je me suis servi du thème « saisir l’air avec la main », je ne sais pas si vous avez compris ou pas.
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1. L’école du Vinaya (ou l’école de la Discipline monastique), l’école Hua-yen (ou l’école de la Guirlande de fleurs), l’école T’ien-t’ai (ou l’école de la Plate-forme céleste), l’école San-lun (ou l’école des Trois Traités), l’école Fa-xiang (ou l’école des Caractéristiques des Dharma), l’école Shingon (ou l’école des Paroles véritables), l’école Dhyâna (ou l’école du zen) et l’école de la Terre pure.
2. Celui des quatre continents qui se trouve au sud du mont Suméru.
- à suivre -